Burkina Faso : Fermeture temporaire des sites d’orpaillage, près de 2 millions de personnes affectées

Le gouvernement burkinabè a annoncé le 27 avril 2022, à l’issue du Conseil des ministres, la fermeture temporaire des activités d’orpaillage sur toute l’étendue du territoire national. Cette décision, porte non seulement un coup dur à l’économie du pays, mais affecte aussi environ 2 millions de personnes qui dépendent de cette activité. Avec environ 1000 sites artisanaux d’or clandestins dont l’Etat arrive à peine à contrôler, l’or artisanal constitue une source de financement des activités des groupes terroristes. En témoignent les nombreuses attaques sur des sites d’orpaillage. 

Avec l’avènement du terrorisme au Burkina Faso, les sites d’orpaillage sont de plus en plus convoités par les groupes armés terroristes pour le financement de leurs activités, affirme un rapport de l’Observatoire économique et social du Burkina Faso, publié en septembre 2020.

Le rapport indique que depuis 2016, les attaques contre les sites d’orpaillage ont permis aux groupes armés terroristes d’avoir accès aux explosifs et à l’or et de récolter plus de 70 milliards de francs CFA.

Depuis 2019, plusieurs attaques terroristes sur des mines d’orpaillage ont été dénombrées. L’attaque la plus meurtrière remonte en juin 2021 où 160 personnes ont perdu la vie dans le village de Solhan, dans la province du Yagha, région du Sahel.

Pour faire face au terrorisme, le gouvernement a décidé de la suspension temporaire des activités d’orpaillage. Une décision aux conséquences sans doute négatives sur le plan socio-économique.

Une décision aux conséquences multiples sur le plan socio-économique

En effet, « L’orpaillage contribue à hauteur de 10 milliards FCFA dans le budget de l’Etat burkinabè chaque année », a laissé entendre Paul Kaboré, Secrétaire général de l’Organisation nationale des syndicats libres (ONSL), lors du dernier congrès extraordinaire du syndicat national des exploitants miniers artisanaux du Burkina (SYNEMAB) tenu en mars 2022.

Outre la contribution au budget de l’Etat, les sites d’orpaillage sont des lieux où se développent d’autres activités génératrices de revenus pour les populations. Cette fermeture pourrait conduire des milliers de jeunes dans le chômage avec le risque de basculement vers les groupes armées terroristes.

Environ 448 sites de production artisanale et semi-mécanisés d’or sont recensés en 2017 (INSD, Enquête nationale sur le secteur de l’orpaillage) et une pléthore de sites d’orpaillage clandestins dont le nombre tourne autour de 1000. En 2021, par exemple, 10% de la population du Burkina Faso, soit près 2 millions dépendaient de l’activité de l’exploitation artisanale de l’or, selon, M. Sediko Douka, Commissaire de la CEDEAO chargé de l’Energie et des Mines.

Une étude conduite par l’Institut national de la statistique et de la démographie du Burkina (INSD) a estimé, en 2017, à 9,5 tonnes la quantité d’or issue de l’exploitation artisanale et semi-mécanisée.

Les régions du Centre-Nord et du Sud-Ouest sont les deux régions qui regorgent le plus de sites artisanaux. La région du Sud-Ouest particulièrement s’en sort avec la moitié de la production d’or issue de l’exploitation artisanale et semi-mécanisée.

Le Burkina Faso est devenu, depuis 2009, un pays minier avec l’or comme premier produit d’exportation. Avec 17 mines industrielles exploitées et 66,858 tonnes d’or produites au cours de l’année 2021, la filière aurifère est en pleine croissance malgré la crise sécuritaire.

 

Source Libreinfo

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