Une mine d’or en Tanzanie au cœur d’une bataille entre le Canada et l’Australie

Parmi les principaux producteurs africains d’or, la Tanzanie compte déjà des compagnies canadiennes et australiennes dans son secteur minier. Son potentiel minéral continue d’en attirer de nouvelles, à l’instar de Perseus et Silvercorp qui se battent actuellement pour la future mine d’or Nyanzaga.

Perseus Mining a annoncé le 8 mars la prolongation d’un mois, soit jusqu’au 19 avril, de son offre de rachat pour OreCorp. C’est le dernier épisode en date de la bataille que la compagnie australienne livre depuis quelques mois au canadien Silvercorp Metals, pour le contrôle de la future mine d’or Nyanzaga, détenue actuellement par OreCorp en Tanzanie.

L’intérêt de Perseus Mining pour OreCorp s’explique avant tout par le potentiel de son actif phare, le projet aurifère Nyanzaga. Selon une étude de faisabilité publiée en août 2022, Nyanzaga devrait en effet livrer en moyenne 234 000 onces sur la durée de vie de la mine. Au total, cela représente environ 2,5 millions d’onces (70,87 tonnes) d’or sur 10,7 ans.

L’étude de faisabilité a par ailleurs fixé la valeur actuelle nette du projet à 618 millions de dollars après impôts, avec un taux de rentabilité interne de 24,6 %. Il faut souligner que la hausse du prix de l’or depuis la publication de cette étude rend Nyanzaga encore plus attractif, le prix de référence choisi à l’époque était de 1 750 dollars l’once, alors que le métal jaune se négocie actuellement à plus de 2 100 dollars l’once. Pour un prix de l’or à 2 000 dollars l’once, la valeur actuelle nette du projet atteindrait 905 millions de dollars après impôts.

Le projet est contrôlé à 84 % par OreCorp, avec une participation de 16 % pour le gouvernement, et dispose déjà d’un permis minier depuis 2021. Si Silvercorp ou Perseus arrive à en prendre le contrôle, l’une ou l’autre de ces compagnies pourrait donc immédiatement lancer les travaux de construction et produire rapidement de l’or. Ces différents facteurs justifient donc la bataille que se livrent les deux compagnies depuis quelques mois.

La bataille entre Silvercorp Metals et Perseus Mining pour le contrôle de la future mine d’or Nyanzaga a commencé en novembre 2023, lorsque Perseus Mining est officiellement entré au capital d’OreCorp. Devenue le premier actionnaire de la compagnie, la société a annoncé son intention de bloquer un accord de rachat conclu en août 2023 entre Silvercorp et OreCorp, avant de soumettre sa propre offre de rachat en janvier 2024.

Pour Perseus Mining, l’acquisition d’OreCorp permettra d’ajouter un nouveau pays africain à son portefeuille actuel, composé des mines d’or Sissingué et Yaouré en Côte d’Ivoire, de la mine d’or Edikan au Ghana et du projet aurifère Meyas Sand au Soudan.

« Si l’acquisition est finalisée, Perseus disposera de trois mines en exploitation produisant plus de 535 000 onces d’or par an au cours de l’exercice 2023 et de deux projets de haute qualité en développement qui, lorsqu’ils seront mis en service, comme prévu, permettront à Perseus de maintenir ou de dépasser ce niveau de production ciblé pendant une bonne partie de la décennie à venir », explique Jeff Quartermaine, PDG de la compagnie australienne.

Silvercorp Metals est dans une configuration légèrement différente. La compagnie canadienne est surtout axée sur la Chine, avec des investissements dans l’or, le plomb et le zinc. Le rachat d’OreCorp permettrait donc à Silvercorp de se diversifier géographiquement, tout en augmentant significativement sa production d’or.

« Cette transaction créera un nouveau producteur de métaux précieux diversifié à l’échelle mondiale. Nous pensons qu’il s’agit d’une occasion rare de tirer parti de notre expertise technique et de notre bilan solide pour dégager de la valeur pour tous les actionnaires en faisant entrer Nyanzaga en production commerciale d’ici le second semestre 2025 », indiquait en août 2022 Rui Feng, président de la compagnie.

Quel que soit le vainqueur de la bataille en cours entre Silvercorp et Perseus, il devra obtenir l’approbation des autorités tanzaniennes qui placent beaucoup d’espoirs dans le projet Nyanzaga. En dehors de l’impact évident de la mine sur la production d’or de la Tanzanie, qui fait déjà partie des principaux producteurs africains d’or, Nyanzaga représente aussi un moyen d’accroitre les revenus miniers du pays.

Le propriétaire de la mine devra en effet verser au gouvernement une redevance de 6 % sur la production d’or du pays, et sera soumis à un impôt de 30 % sur les sociétés. Une taxe communautaire de 0,3 % et une taxe de compensation de 1 % sur la valeur de tous les minerais exportés sont également prévues par la législation tanzanienne.

Pour rappel, la Tanzanie compte d’importants producteurs mondiaux d’or comme Barrick Gold et AngloGold Ashanti.

Agence ecofin

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