Sur le long terme, le cuivre offre des lendemains très favorables aux pays producteurs et aux compagnies minières (rapport)

Les cours du cuivre devraient augmenter durant les prochaines décennies sous l’effet des tensions prévues sur l’offre et de la hausse de la demande de ce métal présent dans l’ensemble des systèmes permettant la décarbonation de l’économie mondiale, offrant ainsi des lendemains « radieux » aux pays producteurs et aux compagnies minières, a estimé le think tank marocain Policy Center for the New South dans un rapport publié le 13 janvier.

Le rapport précise de prime abord que le métal rouge se situe au cœur de la transition énergétique, en raison notamment de ses propriétés très spécifiques comme les conductivités thermique et électrique et la résistance à la corrosion. Les technologies bas carbone sont en effet très gourmandes en cuivre.

D’après la Copper Alliance l’Association internationale du cuivre, un véhicule particulier utilisant un moteur à combustion interne requiert en moyenne 23 kg de cuivre, contre 60 kg pour un hybride rechargeable et 83 kg pour un véhicule 100 % électrique. Le développement des énergies renouvelables impose également d’utiliser davantage de cuivre dans le câblage principalement (collecteurs et distribution), mais également dans les générateurs et les transformateurs de puissance.

L’Agence internationale de l’énergie estime que l’objectif d’émissions nettes de dioxyde de carbone, nulles à l’horizon 2050 pour les économies avancées et 2060 pour la Chine, fera multiplier la demande de cuivre pour le secteur électrique par 2,7 d’ici 2040, soit des besoins passant de 5,7 millions de tonnes (Mt) en 2020 à 15,1 Mt en 2040.

Deux évolutions tendancielles du monde favorisent également la hausse de la demande de métal rouge : l’essor démographique et l’urbanisation, au travers de la construction de logements et des besoins qui en découlent.  

Une forte volatilité au cours des dernières années

Le rapport souligne que le marché du cuivre devrait ainsi connaître d’importantes tensions sur l’offre au cours de la décennie présente et à venir. D’autant plus que les mines actuellement en exploitation pâtissent d’une diminution structurelle de leur teneur en métal et que les découvertes de nouveaux gisements importants demeurent très limitées. Au Chili (premier producteur mondial), le taux de métal contenu dans le minerai de cuivre est ainsi passé d’une moyenne de 0,9% en 2005 à 0,7 % en 2019. De nombreuses mines pourraient dès lors fermer d’ici 2030 ou 2035, si des investissements de grande ampleur ne sont pas engagés. Cela plongerait le marché du cuivre dans un important déficit qui pourrait atteindre 4,7 millions de tonnes d’ici 2030.

La teneur en métal n’est pas le seul facteur pouvant limiter l’offre future : les besoins en eau d’une mine sont particulièrement conséquents, ce qui peut entraîner des conflits avec les populations locales dans des régions où les situations de stress hydrique sont fréquentes.  

Le rapport indique également que les activités de recyclage du cuivre ne suffiront pas à éviter les tensions d’approvisionnement dans les décennies à venir en dépit de leur importance, surtout que le métal rouge demeure longtemps en usage (tuyauteries, câbles) avant de pouvoir être recyclé.

Policy Center for the New South note par ailleurs que le risque de tensions futures que connaîtra l’offre de cuivre ne se reflète pas aujourd’hui sur ses cours, qui ont connu une grande volatilité ces dernières années. Ainsi, sur le London Metal Exchange, le prix cash du cuivre avait atteint un point très bas à la fin de la première vague de Covid-19 en Chine, à 4617 dollars/tonne le 23 mars 2020 avant de parvenir à un sommet historique moins de 14 mois plus tard, le 10 mai 2021 à quelque 10 724 dollars/tonne. Il replongeait alors au cours de l’été pour mieux rebondir en octobre de cette même année. Après un reflux en fin d’année, le cuivre a retrouvé des sommets le 6 mars 2022, au lendemain de l’invasion de l’Ukraine par la Russie pour chuter de nouveau lourdement au second semestre avec un cours plancher (pour cette période) observé le 15 juillet à 7000 dollars/tonne.

Deux facteurs ont plus particulièrement joué sur la dynamique haussière ou baissière du métal rouge : l’intensité de la demande chinoise intrinsèquement liée à l’état de santé du secteur immobilier de ce pays, et la valeur du dollar qui s’est fortement appréciée de mai 2021 à octobre 2022 sous l’effet d’une inflation persistante aux États-Unis et du resserrement de la politique monétaire décidé par la Réserve fédérale américaine.

Le rapport estime que cette forte volatilité des cours du cuivre risque de limiter les investissements nécessaires pour répondre à la hausse prévue de la demande.  

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