Manque cruel de raffinerie en Afrique, un facteur majeur des pénuries de carburant

La pénurie et la flambée des prix des carburants touchent presque tous les pays africains, bien qu’à des degrés différents. Une situation préjudiciable aux économies du continent. Si la guerre Russie-Ukraine est pointée du doigt, le cœur du problème est plus complexe. Le continent manque cruellement de raffineries en activité.

La plupart des raffinerie présentes sont à l’arrêt, d’autres fonctionnent très souvent en deçà de leurs capacités de traitement. Ce qui rend le continent très dépendant des importations de carburant malgré les grandes réserves de brut qu’il dispose. La guerre Russie-Ukraine devrait être une opportunité pour les pays africains de penser davantage à leur souveraineté énergétique.

Des pénuries et hausses des prix des carburants sont constatées un peu partout en Afrique. Le spectacle de longues files d’attente devant les stations-service pour faire le plein d’essence marquent le quotidien de nombreux Africains. Si les hausses des prix des carburants constatées à travers le monde sont logiques dans un contexte de hausse des cours du baril de pétrole et du fret maritime, aggravée par la crise Russie-Ukraine, en Afrique, cette situation s’explique aussi et surtout par le très faible niveau de l’offre de carburants produits sur le continent, dû au nombre réduit de raffineries et de leurs faibles capacités de traitement.

En tout, on compte autour de 48 raffineries de pétrole en Afrique. Mais presque le tiers de ces unités sont à l’arrêt, alors que d’autres fonctionnent très souvent en deçà de leurs capacités de traitement.

 L’Egypte, avec une dizaine de raffineries d’une capacité totale de traitement d’environ 650.000 barils/jour dispose du parc le plus important du continent, devant des pays comme l’Algérie (6 unités), la Libye (5 unités), le Nigeria (4 unités), l’Afrique du Sud (4 unités) ou encore le Soudan (3 unités). Seulement 15 raffineries du continent ont une capacité de traitement théorique dépassant les 100.000 barils/jour. La production de carburants est donc faible, et ce, en dépit du fait que le continent compte de nombreux producteurs de pétrole.

Toutes les raffineries installées en Afrique subsaharienne ont une capacité de traitement théorique de 1,4 million de barils/jour. Toutefois, elles produisent moins de 30% de cette capacité, pour diverses raisons : arrêts multiples liés à l’entretien des installations, problèmes d’approvisionnement en brut, problème de trésorerie et bien d’autres.

 Conséquences de ce manque de raffinerie

Le continent africain est très dépendant des importations de carburants, notamment du marché européen. L’Afrique importe ainsi presque 50% de ses besoins en produits pétroliers raffinés. Paradoxalement, de nombreux pays africains exportent du pétrole brut pour importer du raffiné. C’est le cas du premier producteur de pétrole du continent, le Nigeria, qui importe presque la quasi-totalité de ses besoins en carburant. C’est aussi le cas de l’Algérie, qui importe une partie de ses besoins en carburant pour satisfaire une demande qui croît beaucoup plus rapidement que sa production de produits raffinés. Cela est aussi valable pour le second producteur africain de pétrole, l’Angola, qui ne dispose que d’une seule raffinerie de pétrole et qui importe plus de 80% de ses besoins en carburant. 

Cette situation a conduit au développement de nombreuses petites raffineries clandestines, très polluantes et surtout très dangereuses. L’explosion de l’une d’entre elles en avril dernier a d’ailleurs fait plus de 100 morts au Nigeria.

Néanmoins, la situation devrait évoluer dans les mois à venir. La crise Russie-Ukraine devrait pousser de nombreux pays africains à penser davantage à leur souveraineté énergétique. Ceci, d’autant plus qu’avant même l’avènement du conflit, de nombreux projets de construction de raffinerie avaient été lancés au niveau du continent.

Toutefois, le projet le plus ambitieux, et qui devrait impacter de nombreux pays, reste celui que développe le Nigérian Aliko Dangote. L’homme le plus riche d’Afrique avait lancé la construction d’une très grande raffinerie de pétrole, la plus grande d’Afrique et la 6e plus grande au monde, dotée d’une capacité de traitement de 650.000 barils/jour.

Cette raffinerie permettra de satisfaire la demande en carburant du Nigeria et des pays de la sous-région. Elle devrait démarrer cette année avec une production de près de 540.000 barils de pétrole/jour, avant d’atteindre sa pleine capacité en 2023.  

De plus, selon la Banque africaine de développement, la raffinerie d’Aliko Dangote devrait ramener les importations africaines de produits pétroliers à 36%, contre 46% actuellement.

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