Tenkodogo une ville en pleine développement avec un corollaire de pénurie en eau potable

La ville de Tenkodogo située à environ 50 Km du Barrage de Bagré connait depuis des années une pénurie en eau potable. La distribution assurée par l’Office National de l’Eau et Assainissement (ONEA) se fait depuis un certain temps de manière alternée entre les secteurs de la ville. Cette situation a conduit des particuliers à la réalisation de forage d’eau équipé de château et de compteur pour commercialisation.

Cette nouvelle activité économique n’est pourtant pas sans risques pour les consommateurs, car il reste à savoir si ces eaux distribuées par ces commerçants sont conformes aux normes de consommation. La situation reste tout de même curieuse : comment des particuliers peuvent réussir là où l’ONEA présente des difficultés pour trouver la ressource ? Quelles sont les potentialités en eau de la zone ?

Au regard du danger que présente les initiatives privées dans la ville, l’ONEA et les autorités administratives dans la localité doivent se concerter et agir en synergie améliorer le taux d’accès réel à l’eau potable dans la ville de Tenkodogo et ces villages environnants.

La commune de Tenkodogo, au Burkina Faso

La commune de Tenkodogo est localisée dans la partie nord de la province du Boulgou, dans la région du Centre-Est au Burkina Faso. Elle est située à environ 185 Km de Ouagadougou la capitale, à 105 Km au Nord de la frontière du Togo et à 80 Km de la frontalière du Ghana.

Aujourd’hui chef-lieu de la province du Boulgou et de la région du Centre Est, Tenkodogo a été érigé en commune en 1973 et fait chef-lieu de département en 1974. La commune s’étend sur une superficie de 1147 km2. Elle est limitée à l’Est par les communes de Bissiga et de Lalgaye, à l’Ouest par celle de Garango, au Sud par celles de Bagre et de Bane et au Nord par celles de Dialgaye et de Tensobtenga. Elle occupe de ce fait une position géostratégique qui favorise les échanges avec le Togo et le Ghana, du fait de son statut et de sa localisation. La commune est traversée par deux principales routes que sont la RN 16 de direction Nord -Sud et la RN 17 de direction Ouest- Est. La RN 16 charrie un important trafic car, elle conduit à la frontière entre le Burkina Faso et le Togo.

La démographique dans la ville de Tenkodogo

La commune de Tenkodogo avait une population de 124 985 habitants en 2006. Elle est estimée en 2010 à 134 864 habitants. Le taux de croissance démographique de la commune de Tenkodogo se situe à 1,92% contre 2,72% pour la province du Boulgou et 3,57% pour la région du Centre-Est (2006).

Le territoire communal a une densité moyenne de population qui s’établie à 110,47 habitants au km2 contre des densités moyennes de 81 et 77 habitants au km2 respectivement pour la province du Boulgou et la région du Centre-Est. Cette forte concentration démographique s’explique par le phénomène migratoire et la croissance naturelle du niveau de la population. En effet, ses statuts de chef-lieu de province et de région, sa position géographique et ses conditions de vie relativement meilleures sont les différents facteurs qui déterminent la croissance démographique.

Mais cette population communale connait une répartition déséquilibrée entre le milieu rural et le milieu urbain. En effet, 65 % de la population vit en milieu rural. Le milieu urbain reste néanmoins relativement dense avec 431 habitants/km2 contre 71 habitants au km2 en milieu rural.

L’approvisionnement en eau potable

L’approvisionnement en eau potable des secteurs du milieu urbain est assuré en grande partie par l’ONEA à partir des forages et l’eau produite et stockée dans deux châteaux d’eau d’une capacité cumulée de 450 m3 (150 et 300 m3). Pour l’AEP de Tenkodogo, l’ONEA mobilise les ressources en eau provenant de 18 forages à gros débit. Le débit cumule est de 116 m3/h, soit 1400 m3/jour.

Pour un besoin à satisfaire de 2400 m3/jour. Il apparait alors un gap de 1000m3/jour que l’ONEA n’arrive pas à couvrir à l’heure actuelle. Le renforcement de la ressource est une action urgente entreprise par l’ONEA. Il est envisagé à ce titre : le raccordement d’un forage déjà réalisé, le démarrage des travaux de 5 nouveaux forages.

De nos jours, l’ONEA dispose d’un réseau de 84 km, 3341 abonnés aux branchements particuliers dont 2967 sont actifs. 69 bornes fontaines implantées dans les différents secteurs de la ville.

Des sources d’approvisionnement alternatives constituées de puits, de forages, de châteaux d’eau privés et de mares existent par ailleurs dans l’espace urbain et sur le reste du territoire communal. Elles fournissent pour la plupart de l’eau non potable ; C’est en général le fait des populations résidant dans les zones situées au-delà du rayon d’action de l’ONEA, notamment les zones périurbaines et dans les villages. Toutefois, on note que même dans la partie desservie par l’ONEA, certains ménages pratiquent la combinaison des sources ONEA avec des sources alternatives selon les usages et selon les saisons. L’insuffisance de la ressource en eau constitue la plus importante des difficultés rencontrées pour l’approvisionnement en eau potable de la ville de Tenkodogo.

Les potentialités en eau dans la commune

Le climat de Tenkodogo est de type soudano-sahélien. Il est caractérisé par l’alternance de deux saisons très contrastées : une saison sèche s’étendant de novembre à mai, pendant laquelle la zone est soumise au régime de l’alizé continental ou harmattan et une saison des pluies ou hivernage dont les précipitations s’étendent de juin à octobre.

Du point de vue thermique, c’est en avril-mai que les températures sont les plus élevées. Les minima (Tm) et les maxima (TM) en avril, atteignent respectivement 25,8°C et 39,3°C. Les températures les plus basses s’observent en décembre-janvier et atteignent en moyenne 19,4°C (mois de janvier) tandis que les maxima moyens du même mois s’élèvent à 35,5°C. Cette variation de températures a des incidences sur les éléments constitutifs du sol tels que les minéraux et les roches ainsi que sur la pluviométrie.

Les pluies constituent un élément déterminant pour l’activité agricole et l’approvisionnement de la nappe phréatique. Elles se caractérisent par leur irrégularité et leur mauvaise répartition. Le tableau suivant met en relief la fluctuation des précipitations de la période allant de 2006 à 2015.

La Région du Centre-Est, reposant sur un vieux socle rocheux, est jalonnée par des failles intéressantes permettant une disponibilité importante des ressources en eau souterraine la géologie dans la région impose deux grands ensembles hydrogéologiques :

un ensemble à dominante granito-gneissique ou migmatitique caractérisé par une épaisseur d’altération assez faible mais qui peut être localement améliorée par l’existence de différents réseaux de fractures.
un ensemble à dominante volcano-sédimentaire (birrimien) qui se caractérise par une frange d’altération épaisse et argileuse et une forte hétérogénéité lithologique.

La plupart des campagnes de forages menées dans la région ont été basées sur la prospection géophysique pour l’identification des sites favorables pour l’exécution des forages. Le taux de succès en termes de forages positifs dans la commune est estimé entre 70% et 85%. La capacité de production des forages reste variable.

Les perspectives pour la mobilisation de la ressource à court et moyen terme sont au centre de toutes les préoccupations au niveau des autorités communales. Parmi les solutions alternatives, les ressources en eau souterraine sont envisagées. Par ailleurs, le recours à l’eau du barrage de Bagré, la recherche d’un site propice vers Kampoaga à l’est de la ville pour la construction d’un barrage spécialement dédié pour l’approvisionnement en eau potable, font partie des hypothèses de mobilisation de ressources durables.

En attendant, l’ONEA procède à une distribution alternée des eaux dans les secteurs de ville et l’installation des bonnes fontaines privées de vente d’eau prennent de l’ampleur au détriment de la sécurité sanitaire de la population. Il faut donc agir le plus vite possible.

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