Un terrain de la SONATUR transformée en un site d’exploitation artisanale de carrières

A vu d’œil, on se croirait sur un site d’exploitation artisanale de carrières dans une localité reculée du Burkina. Et pourtant, nous sommes bel et bien dans la capital Burkinabè plus précisément dans la commune de Saaba. Plus précisément sur un terrain appartenant à la Société National d’Aménagement des Terrains Urbains (SONATUR). C’est une zone réservée pour des logements sociaux qui est devenue le lieu de travail pour plus d’un. Des occupants creusent, et vendent les agrégats. Cette activité n’est pourtant pas sans conséquences sur l’environnement.

Un terrain sous pression de l’exploitation artisanale de géomatériaux

Un paysage dévasté par des coups de pioches et de pelles, des trous partout avec aux abords des tas d’agrégats. C’est une véritable exploitation sauvage de carrières qui se mène ici.

Cette zone réservée pour des logements sociaux est devenu un véritable business pour la population. Ils sont nombreux à se ruer chaque jour sur ce terrain de Saaba devenu pour eux leur lieu de travail. Jeunes et personnes âgées, hommes comme femmes et même les enfants y travaillent.

Tous types d’agrégats y sont extraits : les blocs de cuirasse latéritique communément appelés cailloux sauvages, le concassé de quartz, les graviers latéritiques, le sable, la terre argileuse et bien d’autres.

Entre creuser, balayer et ramasser chacun y va de sa méthode, l’essentiel est de trouver son compte. En faisant le tour, on peut apercevoir les différents outils de travail.  Des pioches, des pelles, des tamis et balais, tout le nécessaire est réuni pour exploiter. Quant à la vente, pas besoin de se déplacer, les acheteurs viennent jusqu’à eux en tricycles et en camions souvent pour ramasser.

L’exploitation artisanale de géomatériaux sur le site, un réel danger pour l’environnement

Si cette activité constitue un gagne-pain pour des exploitants, elle est un problème majeur pour l’environnement de par les dégâts importants qu’elle lui cause.

Cette dégradation a des répercussions assez graves sur l’environnement quand on sait bien qu’après l’exploitation artisanale, il ne reste que de vastes précipices souvent de plusieurs mètres de profondeur.

Outre la déforestation c’est une dégradation totale et un appauvrissement sans précédent du sol que laisse cette activité. A chaque coup de pioche, la terre est dépouillée de sa richesse et de sa stabilité originelle que lui offrent les agrégats.

Ces gros trous qui transforment le paysage du terrain sont dangereux aussi bien pour les humains que pour les animaux en ce sens qu’ils présentent parfois des risques d’éboulement. Ces trous sont parfois à l’origine de décès accidentels en zone périurbaine. On y enregistre par exemple des cas liés à des noyades, des éboulements de terrain, des chutes…

Conséquences de l’exploitation artisanale de géomatériaux sur le site

En effet, l’article 141 du code minier en vigueur au Burkina prévoit que tout titulaire d’une autorisation d’exploitation industrielle de substance de carrière est tenu d’ouvrir et d’alimenter un compte fiduciaire à la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest ou dans une banque commerciale du Burkina Faso qui servira à la constitution d’un fonds pour couvrir des coûts de la mise en œuvre du programme de la préservation et de la réhabilitation de l’environnement…

Il y a donc lieu de se poser des questions sur l’avenir de cette de zone de la SONATUR transformée en site d’exploitation artisanale, sans aucun permis d’exploitation. Ce qui signifie qu’il y a aucune contribution à ce fond de réhabilitation de l’environnement. Pire vu que cette zone est réservée aux logements sociaux, qu’en sera-t-il du coût de la réhabilitation ? Quels seront les éventuels risques pour les habitants si l’état venait à y réaliser des logements ou des infrastructures quand on sait bien que la stabilisation du sol est très importante dans toute construction.

Le terrain de la SONATUR est en passe de devenir un badlands. Au moment venu sa viabilisation coûtera très chère. Et si sa récupération n’est pas faite dans les règles de l’art, les constructions et les installations sur ce type de terrain pourraient présenter des défaillances quelques années après. Les conséquences sont entre autres :  effondrement de bâtiment, fissuration de mur, glissement de terrain, affaissement de bâtiment … Il faut donc mettre fin à cette pratique illégale et très dangereuse sur le terrain. Surtout que cette pratique artisanale ne prévoit aucun moyen de réhabilitation des sols.

Safa-ou KABORE

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