Guinée : Le mégaprojet Simandou entre en production et redéfinit le marché mondial du fer

Après plus de 30 ans d’attente, la Guinée franchit enfin une étape cruciale dans son histoire minière avec le lancement de l’énorme projet Simandou, l’un des plus grands gisements de minerai de fer au monde. Ce projet d’une valeur estimée à 21,5 milliards de dollars, mené par Rio Tinto, Simfer, Winning Consortium Simandou et Baowu, représente un tournant décisif pour le pays et pourrait profondément changer l’équilibre du marché mondial du fer.

La découverte de Simandou remonte aux années 1990, mais l’exploitation du site a longtemps été entravée par divers problèmes : procédures administratives lentes, litiges juridiques, renégociations de contrats et instabilité politique. L’arrivée au pouvoir du général Mamadi Doumbouya après le coup d’État de 2021 a redynamisé le projet. En mars 2022, un accord a été signé pour regrouper les investissements et créer la Compagnie du Transguinéen (CTG), chargée de construire une voie ferrée de 670 km et un port en eau profonde à Morebaya, deux infrastructures essentielles pour exporter le minerai. Cette collaboration impose désormais des délais précis et des pénalités en cas de retard, sous la supervision directe du gouvernement guinéen.

Le 2 novembre, le CTG a accueilli ses premiers bateaux au port de Morebaya, confirmant que le calendrier s’accélère. Cette étape symbolise l’aboutissement de l’un des projets miniers les plus ambitieux d’Afrique. Le gisement de Simandou, qui s’étend sur plus de 100 km de long et 6 km de large, renferme près de 4,4 milliards de tonnes de minerai de fer, avec une teneur exceptionnelle de 65,8 %, l’une des plus élevées au monde. À pleine capacité, la production annuelle pourrait atteindre 120 millions de tonnes, plaçant la Guinée parmi les cinq premiers producteurs mondiaux et le leader africain devant l’Afrique du Sud et la Mauritanie.

Le projet, au-delà de sa taille, représente un défi logistique immense. L’exploitation implique un réseau complexe reliant les mines aux installations portuaires à travers des montagnes et des zones reculées. La ligne de chemin de fer ne servira pas uniquement au transport du minerai : elle facilitera également les déplacements de personnes, de marchandises et de produits pétroliers, contribuant ainsi à désenclaver les régions isolées.

Sur le plan économique, les bénéfices s’annoncent importants. Les exportations généreront des revenus fiscaux et des devises, tout en créant des milliers d’emplois directs et indirects pour les jeunes guinéens. Les infrastructures associées – routes, ponts, centrales électriques – stimuleront l’activité économique locale et favoriseront les petites et moyennes entreprises guinéennes grâce à des collaborations industrielles et logistiques. Selon les estimations de la Banque mondiale, la Guinée pourrait connaître une croissance de 7,5 % en 2025, 9,3 % en 2026 et 11,6 % en 2027, tandis que le FMI prévoit une augmentation du PIB de 26 % d’ici 2030.

Sur le marché mondial, l’arrivée du fer guinéen va changer la donne. Avec une production estimée à 10 millions de tonnes dès 2026, puis 69 millions lors de la deuxième phase, Simandou pourrait exercer une pression à la baisse sur les prix mondiaux, dominés par l’Australie et le Brésil. Cependant, la qualité du minerai guinéen lui confère un avantage certain dans un contexte de transition vers une industrie sidérurgique plus verte et moins polluante.

Symbole de persévérance et de renouveau industriel, Simandou incarne l’espoir d’une Guinée transformée, tournée vers l’avenir et prête à jouer un rôle clé sur la scène minière mondiale.

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