Burkina/Mine : Houndé, une ville minière qui peine à faire face au chômage des jeunes

Le 17 mai 2022, plusieurs exploitants miniers ont attaqué les installations de Houndé Gold Operation (HGO) du groupe canadien Endeavor Mining, une mine d’or industrielle située à Houndé dans la province du Tuy, région des Hauts-Bassins.

Selon des témoignages recueillis auprès d’un résident de la localité, les exploitants artisanaux d’or accusent la société minière de les empêcher de pratiquer leurs activités alors qu’ils cherchaient de l’or aux alentours de la mine. Les incidents ont causé la mort de quelques manifestants et plusieurs biens de la mine ont été incendiés.

Quelques semaines après les tristes évènements, la ville commence à respirer normalement selon des propos recueillis auprès de cet habitant. Les véhicules de transport en commun circulent aisément, les miniers qui séjournaient habituellement dans la ville ne sont plus inquiétés et les commerces ont repris vie.

Même si aujourd’hui le calme semble revenu dans la ville minière, la situation ressemble à « du feu sous la cendre ».

« A l’allure où vont les choses c’est un peu bizarre » raconte cet habitant. Selon lui, le mécontentement date de bien longtemps. Généralement, le périmètre d’exploitation des mines industrielles est délimité par des grillages. Malgré tout ce dispositif mis en place pour protéger sa zone, la mine interdit aux orpailleurs l’extraction de minerais à 200 mètres des barrières. « Les orpailleurs n’ont pas le droit d’exploiter à quelques 100 ou 200 mètres. Lorsque c’est le cas, ils font sortir une note pour dire d’arrêter parce que le terrain leur appartient et qu’ils ont tout payer. » Cet interlocuteur dit ignorer tout du contenu du contrat entre le gouvernement et la mine.

Le véritable problème c’est le chômage des jeunes. Beaucoup de jeunes souffrent aujourd’hui de ce phénomène dans la ville de Houndé. Les jeunes se plaignent que les sociétés minières ont retiré les terres de leurs parents sans rien en retour. Les investissements se font toujours attendre.

Si pour beaucoup, les actes de vandalisme sont à imputer aux orpailleurs, il n’en demeure pas moins que les vraies causes de la crise doivent être recherchées ailleurs. En effet et de plus en plus, la société civile dénonce une mauvaise répartition des richesses générées par le secteur minier burkinabè. Ces types de conflits entre entreprises minières industrielles et les populations riveraines sont fréquents selon certains observateurs.

Depuis 2009, l’or est devenu le premier produit d’exportation du Burkina Faso, devançant le coton et classant le pays parmi les plus grands producteurs d’or d’Afrique, à coté de l’Afrique du Sud, du Ghana et du Mali.

D’une production de 5,6 tonnes d’or en 2008, le pays a exporté 66,858 tonnes en 2021 avec une contribution au budget de l’Etat qui s’est fortement améliorée ces dernières années passant de 8,912 milliards de Francs CFA (13 322 231 de dollars) en 2008 à 322 milliards de francs CFA (536 219 805 de dollars) en 2020, selon les données du ministère en charge des mines.

En outre, selon les données du ministère des mines et des carrières, le secteur a créé 51 635 emplois directs.

Bessy François SENI

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