Afrique : Les mines abandonnées, une bombe à retardement

Selon des experts, les pays africains subissent de plein fouet les conséquences environnementales et sociales négatives de l’exploitation minière, qui méritent une attention particulière.

Les experts estiment que les scientifiques devraient évaluer la situation, fournir des explications scientifiques crédibles et conseiller les décideurs sur les actions nécessaires. Ann Therese Ndong-Jatta, directrice du Bureau régional de l’UNESCO pour l’Afrique de l’Est, affirme que le continent est doté d’un potentiel énorme en richesses minérales, mais les opinions divergent sur l’importance de l’exploitation minière comme source de richesse et de protection de l’environnement et de la santé des communautés.

“Dans de nombreux pays africains, les conséquences environnementales et sociales de l’exploitation minière sont devenues de lourds fardeaux parce qu’elles ont été négligées ou ignorées par l’industrie minière et les gouvernements”, a-t-elle déclaré aux participants à une réunion tenue au Kenya sur les impacts environnementaux et sanitaires des mines abandonnées en Afrique subsaharienne. La réunion a rassemblé 25 scientifiques du Cameroun, de Côte d’Ivoire, du Ghana, du Kenya, du Mali, de Namibie, du Niger, du Nigeria, du Sénégal, d’Afrique du Sud, de Tanzanie, d’Ouganda, de la République Tchèque, de France et de Suisse, avec comme objectif d’évaluer les impacts environnementaux et sanitaires des mines abandonnées en Afrique subsaharienne.

“Il est important d’évaluer rigoureusement et précisément la situation, car dans de nombreux pays, nous ne connaissons pas l’ampleur réelle de la pollution du sol et de l’eau“, explique Ann Therese Ndong-Jatta. “Nous ne connaissons pas non plus l’impact de cette pollution sur la chaîne alimentaire, et enfin, nous ne connaissons pas les conséquences sur la santé des animaux et des humains.”

Abraham Mwesigye, spécialiste de l’environnement au département de biologie forestière et de gestion des écosystèmes de l’Université Makerere en Ouganda, estime que l’Afrique a beaucoup de mines abandonnées qui posent la question de la contamination de l’environnement. “L’industrie minière en Afrique est principalement composée de minéraux et de métaux tels que le fer, le cuivre, le cobalt, le nickel et le cadmium, qui sont des contaminants environnementaux”, précise-t-il. Les gens qui vivent dans les zones minières, poursuit-il, produisent de la nourriture à partir de sols contaminés, utilisent de l’eau remplie de déchets toxiques miniers et beaucoup souffrent de maladies comme le cancer, les ulcères et autres complications gastriques.

L’exploitation minière affecte la rentabilité de la production agricole, parce que les produits chimiques qui pénètrent dans le sol réduisent la fertilité et la productivité. Elle libère également des produits chimiques tels que le mercure dans les plantes, les rendant impropres à la consommation. “Chaque jour, les gens mangent des aliments contaminés et boivent de l’eau toxique”, explique Abraham Mwesigye. “Notre rôle est de faire de la recherche, de générer des résultats et de les présenter aux décideurs afin qu’ils réagissent”, dit-il.

Veronica Ngure, chef du département des sciences et technologies biologiques et biomédicales de l’université de Laikipia au Kenya, qui a mené des recherches sur les mines d’or de Macalder, dans l’ouest du pays estime que :”Que ce soit au Cameroun, au Ghana, au Nigeria ou en Afrique du Sud, le problème est le même et tant que nous ne le traiterons pas, nous resterons assis sur une bombe à retardement de maladies [induites par les mines]”.

source SciDev.Net.

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