Le charbon est un pilier de l’économie sud-africaine, il emploie près de 100.000 personnes et fournit 80% de l’électricité. Mais son avenir est incertain : l’économie la plus industrialisée d’Afrique est appelée à se sevrer de ce combustible émetteur de carbone, pour faire sa part dans la lutte contre le réchauffement climatique. Une chose qui inquiète non seulement les responsables des sociétés minières mais aussi et surtout les mineurs.
Mais plusieurs raisons militent quant à sa capacité à avancer vite pour atteindre son objectif de zéro émission nette d’ici 2050. En effet,” des financements bien plus importants” seront nécessaires, selon Daniel Mminele, responsable finance à la commission sur le climat mise en place par le président sud-africain Cyril Ramaphosa. Une étude de l’université de Stellenbosch a évalué ce chiffre à 250 milliards de dollars sur trente ans.
Aussi, les syndicats s’inquiètent que les pertes d’emplois ne soient pas compensées par des embauches dans le renouvelable. Le taux de chômage dépasse déjà 30% dans le pays.
Des études récentes ont montré que le passage au vert permettra de créer plus d’emplois que l’on en perdra, mais cela ne se fera pas sans douleur. Cette hypothèse ne semble pas convaincre les sud-africains. L’expert en énergie Tshepo Kgadima souligne à cet effet que “l’éolien et le solaire’’ ne sont pas produit en Afrique du Sud, ils sont fabriqués ailleurs”. cela pourrait donc limiter le besoin de main d’œuvre .Les travailleurs du domaine craignent donc pour leur avenir.
Les autorités avaient déjà été sommées en 2019 par GroundWork, organisation d’Afrique australe, et Vukani, basée en Afrique du Sud, de réduire la pollution dans le Mpumalanga ( région qui concentre 83% de la production de charbon de l’Afrique du Sud ).
Selon une enquête indépendante citée par les deux ONG, la pollution atmosphérique dans la région avait causé 305 à 650 décès prématurés.
Il devient urgent d’agir, prévient l’économiste Gaylor Montmasson-Clair, car rester fidèle au charbon coûtera bien plus cher sur le long terme.
En plus, l’Union européenne est sur le point d’introduire une taxe carbone sur les importations. D’autres pays pourront emboiter leur pas, ce qui frappera durement des économies comme celle de l’Afrique du Sud. « Si nous ne décarbonons pas, les pertes d’emplois seront importantes ; nous perdrons notre accès aux marchés et aux financements » a-t-il déclaré avant d’ajouter que « Ne pas s’embarquer dans la transition n’est pas une option. Les conséquences seront terribles ».
La commissaire à l’énergie de l’Union africaine (UA) Amani Abou-Zeid avait déclaré en marge du sommet Green Energy Africa au Cap que « L’Afrique est pleinement convaincue et engagée en faveur d’un taux net zéro et soutient l’agenda climatique, mais là où nous divergeons, c’est sur le calendrier”.