Burkina Faso : une mystérieuse ‘’guerre de l’eau ‘’ fait des milliers de victimes
Dans plusieurs régions du Burkina, les populations ont accès à moins de 3 litres d’eau par jour pour couvrir tous leurs besoins alors que selon l’Organisation Mondial de la Santé (OMS), 7 litres d’eau constituent le minimum pour la survie d’une personne. Des attaques terroristes ciblent les installations d’eau, menaçant près de 300.000 personnes. L’alerte a été lancée par le Conseil norvégien pour les réfugiés.
Des individus armés non identifiés utilisent l’eau comme une arme contre les populations. Plus de 32 installations d’eau ont été détruites cette année, touchant près de 300 000 personnes. Les attaques ciblées vont des coups directs sur les points d’eau et les camions-citernes à la contamination délibérée des ressources en eau et au sabotage des générateurs du réseau public d’eau.
La plupart des destructions ont eu lieu à Djibo, dans le nord du pays, une ville qui accueille le plus grand nombre de personnes déplacées internes (PDI). Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), 7 litres d’eau constituent le minimum pour la survie d’une personne. Depuis ces attaques, une personne à Djibo a moins de 3 litres d’eau par jour pour couvrir tous ses besoins. Le 11 mars, des hommes armés non identifiés ont tiré des coups de fusil pour disperser une foule faisant la queue près d’un forage à Djibo. Une femme a perdu la vie après avoir été touchée par une balle perdue.
Des Organisations Humanitaires parlent d’une ‘’guerre de l’eau’’. « Ces attaques répétées contre les services d’eau et leur grave impact sur des centaines de milliers de civils vulnérables sont sans précédent au Burkina Faso et n’ont jamais été vues ailleurs dans la région du Sahel central », explique Hassane Hamadou, directeur national du Conseil norvégien pour les réfugiés au Burkina Faso.
Les habitants de Djibo doivent désormais être approvisionnés grâce à des convois de citernes. Malgré ces efforts, les experts alertent contre le risque d’une crise humanitaire catastrophique. “Les besoins actuels à Djibo pour la population sont de plus de 500 mètres cubes d’eau par jour”, explique Médecins sans frontières. “Malheureusement nous ne pouvons fournir qu’une centaine de mètres cubes. Le risque qui se profile ici : un manque d’eau potable pour la population, c’est-à-dire pour cuisiner, pour se nettoyer, pour boire”. Médecins sans frontières craint aussi un manque d’eau pour ses activités et ses centres de santé. Le problème s’étend désormais au-delà de la ville de Djibo.
Les attaques contre l’eau se sont récemment propagées à d’autres régions. Le 15 avril, des hommes armés ont mis le feu à un camion-citerne dans la région du Centre-Nord. Les assaillants ont fait savoir qu’ils ne voulaient plus voir de camions-citernes sur cette route. Toutes les activités de transport d’eau par camion, actuellement le seul moyen de fournir une aide d’urgence en eau aux résidents, ont été interrompues en conséquence.