COP30 : Guterres appelle la jeunesse à se mobiliser pour tourner la page des énergies fossiles
C’était un moment charnière, presque historique. Après des années de blocages, la sortie progressive des énergies fossiles pourrait enfin être inscrite noir sur blanc dans les décisions officielles de la Conférence de l’ONU sur le climat. Ce mardi 18 novembre, plusieurs ministres de la Colombie, de l’Allemagne, du Kenya, des Îles Marshall, de la Sierra Leone et du Royaume-Uni- ont manifesté un soutien clair à la proposition du Brésil visant à placer la transition énergétique au cœur des négociations de cette année.
Ils ont appelé les négociateurs à renforcer le texte en cours de finalisation, afin d’accélérer l’action climatique et maintenir l’objectif crucial de 1,5 °C.
Un silence s’est installé lorsque Marcele Oliveira, championne de la jeunesse pour la COP30, a pris la parole. Elle portait la voix d’une génération tout entière.
« Les énergies fossiles détruisent nos rêves », a-t-elle lancé, décrivant la transition énergétique comme « la mobilisation pour la justice climatique la plus importante de cette génération ».
Protéger l’avenir
Répondant à une question, Marcele Oliveira a insisté : les enfants et les jeunes doivent être au centre des discussions.
Elle a rappelé que la Cour internationale de Justice considère désormais l’inaction climatique des États comme un crime environnemental : « Il est urgent de faire pression pour de meilleures décisions. C’est une priorité absolue ».
Abandonner les énergies fossiles, protéger les forêts, soutenir les communautés qui en prennent soin : voilà, selon elle, les fondations d’une transition juste. La reconnaissance des actions menées localement par les jeunes en fait aussi partie.
« Une bataille décisive »
Plus tard, le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a rencontré des délégués de la jeunesse. Il leur a présenté des excuses, mêlées de gratitude : les générations passées n’ont pas su contenir la crise climatique, et les données sont sans appel, le seuil de 1,5 °C sera dépassé.
Il a appelé les jeunes à le rejoindre dans ce qu’il qualifie de « bataille décisive » : faire en sorte que ce dépassement soit le plus court possible.
La transition vers les énergies renouvelables est essentielle, a-t-il insisté, malgré l’influence persistante de puissants lobbies « qui font passer les profits avant la planète ». Et pour lui, la pression des jeunes à la COP30 sera déterminante.
« Nous voulons juste être des enfants ! », lui a répondu João Victor da Silva, 16 ans, regrettant que les adultes n’assument pas leurs responsabilités. Depuis Aruba, Nigel Maduro a témoigné de son côté d’un constat douloureux : les plages de son enfance disparaissent. Pour lui comme pour beaucoup d’autres, les négociations avancent trop lentement pour les réalités vécues sur le terrain.
Le constat est unanime parmi les jeunes : agir maintenant est la seule option.
Guterres a reconnu que leur participation, en particulier celle des communautés autochtones, est essentielle pour de meilleures décisions. Il s’est dit prêt à faciliter un financement plus direct, moins bureaucratique, pour ces communautés.
« Les manifestations marquent cette COP »
Txai Suruí, leader autochtone, a décrit la réunion des jeunes comme l’un des moments les plus porteurs d’espoir de la COP30. Mais elle a rappelé que l’Amazonie approche dangereusement d’un point de bascule irréversible.
Elle a insisté : « Les manifestations sont un élément clé de cette COP. Elles garantissent que les dirigeants prennent des décisions qui favorisent la vie. »
Elle a toutefois dénoncé l’influence écrasante des lobbies industriels, bien plus importante que celle des délégations autochtones. Malgré cela, elle perçoit une reconnaissance croissante du rôle essentiel des peuples autochtones comme gardiens de la nature.
Vers une transition véritablement juste
Pour Marcele Oliveira, la transition énergétique ne sera réussie que si elle respecte les territoires et les populations concernées. La démarcation des terres autochtones, dit-elle, est un impératif pour éviter d’aggraver les inégalités déjà existantes.
Hamidou TRAORE
Géo-Canal-Info