Protection de l’environnement Ouagadougou, une ville étouffée par la fumée des pots d’échappement
Dès que j’aurai laissé derrière moi l’oppressant air de la ville et la puanteur des fumantes cheminées qui, une fois leurs feux allumés, vomissent toutes les pestilentes fumées et suies qu’elles contiennent, je me sentirai un autre homme. Sénèque 61 av. J.-C.
Il est vrai que le besoin de confort est inné en tout être humain mais n’empêche que l’homme doit tenir compte de la nature dans tout ce qu’il pose comme action. En réalité, aucun confort n’est plus grand que celui de respirer. S’il est possible de vivre une journée sans boire, il est impossible de vivre 5 minutes sans respirer. D’où toute l’importance de l’air dans la vie de l’homme. Ainsi, voies aériennes et poumons sont pénétrés quinze à vingt fois par minute par l’air inspiré. Mais l’air ne contient pas que de l’oxygène et de l’azote. Il est aussi porteur d’une multitude de poussières, pollens, virus, microbes, et particules diverses produits par la nature et l’activité humaine dont beaucoup nocives à la santé. Quels sont les effets des polluants que nous respirons sur la santé ? Seule certitude, ces altérations de l’atmosphère génèrent des phénomènes qui peuvent être irrésistibles. À Ouagadougou, les heures de pointe deviennent de plus en plus un calvaire pour les usagers de la circulation. L’air devient de plus en plus irrespirable à cause des pots d’échappement des engins à deux et quatre roues. On roule presque étouffés et tant pis pour les asthmatiques. De l’atmosphère pollué par les moteurs des véhicules et motos dégagent des fumées excessives dues aux imbrulés, la plupart du temps aux défauts mécaniques, la pollution a atteint un niveau où l’on n’hésite plus à classer Ouagadougou comme l’une des villes les plus pollués de la sous-région.
Le secteur du transport au Burkina est caractérisé par une prédominance du transport routier, et Ouagadougou la capitale est abondée de véhicules de 2 et 4 roues et de tricycles communément appelés Taxi-Moto. Une voiture moyenne de petite cylindrée dégage 160g CO2/km et un 4×4 neuf émet 190g CO2/km. Alors qu’en moyenne on enregistre une croissance de 10 % des automobiles par an, et la plupart de ces véhicules sont vieux. Cela est beaucoup plus critique dans la mesure où le commerce des véhicules dits « France au revoir » est en plein essor. Ainsi 90% des véhicules burkinabé sont vieux et selon le #CCVA, 60% des voitures en circulation ne respectent pas les normes de pollution. Il est clair qu’avec des vieux véhicules le volume d’émission de CO2 et des gaz nocifs à l’atmosphère sera plus élevé.
Une étude menée sur financement de la banque mondiale en 2007 laisse voir que les émissions de gaz des véhicules à deux et à quatre roues sont la cause de 200 cancers par an à Ouagadougou. Cette pollution cause près de 13 000 décès prématurés. En effet, l’exposition à des concentrations importantes de gaz d’échappement entraîne des signes d’irritation des yeux ou des voies respiratoires, dus essentiellement à la présence d’oxyde d’azote. Inhaler des gaz d’échappement, particulièrement ceux des moteurs à essence, peut conduire à une intoxication aiguë au monoxyde de carbone : fatigue, nausées, maux de tête, perte de connaissance, comas parfois mortels
Des intoxications chroniques peuvent également survenir en cas d’expositions répétés au gaz d’échappement. Les particules de diesel pénètrent dans les bronches et les alvéoles pulmonaires et peuvent provoquer les affections respiratoires. À moyen ou long terme, l’exposition au gaz d’échappement de moteur diesel est associée à une augmentation du risque de cancer des poumons et possiblement à une augmentation du risque de cancer de la vessie. Le centre International de recherche sur le cancer (#CIRC) a d’ailleurs classé les gaz d’échappement de moteurs diesel comme cancérogène avéré et les gaz d’échappement des moteurs à essence comme cancérogènes suspectés.
La pollution de l’air est une question qui concerne directement la santé publique. Il importe de rechercher les solutions pour améliorer les politiques publiques visant à réduire l’impact sur la santé tant il apparaît nécessaire de nos jours de considérer les risques liés à la pollution de l’air de manière intégrée. Une véritable collaboration entre les acteurs publics et privés qui ont une part de responsabilité dans la gestion de la qualité de l’air dans la ville de Ouagadougou s’avère donc nécessaire. Il en va de la survie de l’humanité.
Kaboré Safa-ou