Pour 43% des Africains, les communautés ne bénéficient pas assez de l’extraction des ressources naturelles
Alors que la demande mondiale des ressources minières africaines explose dans un contexte de décarbonation à marche forcée, les préoccupations concernant les inconvénients environnementaux de l’activité et l’équité dans la distribution de ses revenus augmentent.
Environ 43% des Africains pensent que les communautés locales ne reçoivent pas une part équitable des revenus de l’extraction des ressources naturelles dans leurs régions, selon un rapport publié le 6 novembre 2024 par le réseau panafricain de recherche Afrobarometer.
Intitulé « Les Africains demandent plus d’action sur la protection de l’environnement et la régulation de l’extraction des ressources naturelles », le rapport se base sur une enquête réalisée auprès de 53 444 personnes dans 39 pays du continent.
Les personnes interrogées sont globalement divisées sur les bénéfices que tirent les communautés de l’exploitation des richesses naturelles du continent, étant donné que 41% d’entre eux estiment que ces communautés reçoivent une juste part des revenus provenant de l’extraction des ressources naturelles alors que 16% ne savent pas ou refusent de donner leurs avis à ce sujet.
Les Maliens (78%) et les Malgaches (80%) expriment les opinions les plus positives, une majorité écrasante affirmant que les communautés reçoivent une part raisonnable des revenus. En revanche, à Maurice, au Maroc aux Seychelles en Angola, seulement une personne sur quatre perçoit de l’équité dans le partage des revenus.
Alors que l’extraction des ressources naturelles peut être une source vitale de revenus et d’emplois, mais aussi une source majeure de dégradation de l’environnement, en particulier dans les communautés voisines, les avis divergent sur l’évaluation des avantages et des inconvénients de cette activité. Si 45% d’Africains pensent que les avantages de l’extraction des ressources l’emportent sur les inconvénients, 38% considèrent que les inconvénients dépassent les avantages, tandis que 17% ne veulent pas ou ne peuvent pas prendre position sur cette question.
Plus de 60% des répondants sont convaincus des avantages de l’exploitation des ressources naturelles au Mali, à Madagascar et au Liberia alors que des majorités considèrent que les inconvénients l’emportent sur les avantages au Gabon et en Ouganda.
Des régulations plus strictes
En dépit de ces opinions mitigées, une majorité écrasante (76%) d’Africains souhaite que leurs gouvernements mettent en œuvre des régulations plus strictes en matière d’exploitation des ressources naturelles. Ce sentiment reflète à la fois le souci généralisé de l’environnement et les dommages naturels et sociaux causés par l’exploitation incontrôlée des ressources, ainsi que la reconnaissance du fait que ces dommages pourraient être atténués par des mesures de protection gouvernementales plus strictes.
Trois-quarts ou plus des citoyens sont favorables à un renforcement de la législation sur l’exploitation des ressources dans 26 des 39 pays, en tête desquels figurent le Mali (90%) et le Botswana (88%).
De nombreux Africains s’inquiètent toutefois de ne pas avoir leur mot à dire dans la planification et l’élaboration des politiques relatives à l’extraction des ressources. Dans l’ensemble, une faible majorité (51%) d’Africains pense que les citoyens ont leur mot à dire dans la prise de décision concernant l’extraction des ressources naturelles à proximité de leur communauté, mais plus du tiers (36%) ne sont pas du même avis.
Le rapport révèle d’autre part que deux Africains sur trois déclarent que la pollution de l’environnement est un problème grave dans leurs communautés. Les personnes interrogées citent le plus souvent la gestion des déchets comme le principal problème environnemental dans leurs communautés (27%), suivie de la déforestation (19%) et de la pollution des eaux (17%).
En moyenne, les Africains sont relativement divisés sur la question de savoir qui est le premier responsable de la lutte contre la pollution et la préservation de la propreté de leurs communautés. Presque la moitié d’entre eux estiment que les efforts de lutte contre la pollution de l’environnement devraient être déployés par les citoyens ordinaires (46%), mais presque autant (43%) attribuent ce rôle au gouvernement. En moyenne, seulement quatre Africains sur 10 estiment que leurs gouvernements accomplissent correctement leur mission de protection de l’environnement, alors que 51% d’entre eux émettent un avis négatif à ce sujet.
Etant donné que la pollution et la dégradation de l’environnement sont largement perçues comme des problèmes graves, 78% des sondés demandent clairement à leurs gouvernements d’en faire plus pour résoudre ces problèmes.
Agence ecofin