Niger : Orano écarté, les autorités prennent le contrôle de l’uranium de Somaïr
Après avoir suspendu la production d’uranium en octobre 2024, Orano a décidé en novembre d’interrompre certaines dépenses liées au fonctionnement de sa mine au Niger. Ces mesures rejetées par le gouvernement ont été prises alors que la société ne peut pas exporter sa production depuis des mois.
Les autorités du Niger ont écarté Orano du « contrôle opérationnel » de sa filiale locale Somaïr, indique un communiqué publié mercredi 4 décembre par la compagnie française. Détenue à 63,4 % par Orano, la Somaïr exploite la seule mine d’uranium en activité dans le pays ouest-africain.
« Les décisions prises lors des conseils d’administration de la société [la Somaïr, Ndlr] ne sont plus appliquées et, de fait, Orano constate aujourd’hui que les autorités nigériennes en ont pris le contrôle opérationnel. Les dépenses de production qui se poursuivent sur le site dégradent chaque jour davantage la situation financière de la société », a déclaré Orano.
Cette annonce de la compagnie française est le dernier épisode du bras de fer qui l’oppose depuis quelques mois au gouvernement nigérien, avec à sa tête le président Abdourahamane Tiani, arrivé au pouvoir en juillet 2023 après un coup d’État. Les militaires ont retiré en juin dernier les droits d’exploitation d’un autre site à Orano, et interdisent depuis des mois l’exportation de la production d’uranium du site. Orano n’a donc pas exporté la moindre tonne d’uranium depuis janvier 2024.
Il faut dire que les exportations d’uranium d’Orano ont pour destination la France, qui a compté le Niger parmi ses trois principaux fournisseurs d’uranium en 2022. Or, les relations entre Paris et Niamey se sont dégradées depuis le coup d’État de juillet 2023, avec notamment le départ de l’ambassadeur français près le Niger.
Alors que l’avenir d’Orano au Niger reste incertain dans ces circonstances, la compagnie a indiqué vouloir « défendre ses droits auprès des instances compétentes ». En cas de départ de la société du pays, notons que d’autres acteurs sont bien placés pour reprendre le flambeau de la production d’uranium. Outre la Russie, dont Niamey s’est beaucoup rapproché ces derniers mois, la Turquie cherche aussi à s’approvisionner en uranium au Niger et a signé en octobre 2024 un protocole d’accord pour l’exploration minière.
Agence ecofin