Mines et emplois : « C’est la réussite de mon stage qui a déterminé ma carrière », Adama Ouédraogo, responsable recrutement à ESSAKANE SA
L’obtention d’un stage dans une entreprise minière demeure un casse-tête chinois pour les étudiants en fin d’étude en géologie. Partant de son expérience, Adama Ouédraogo, responsable recrutement à ESSAKANE SA explique comment s’y prendre pour intégrer une entreprise et y réussir sa carrière.
Avec plus de 17 mines 32 carrières et plusieurs zones de recherches géologiques, le Burkina Faso a plus que jamais besoin d’une main d’œuvre nationale compétente et intègre qui pourra travailler de façon professionnelle afin de répondre aux besoins de ce secteur en pleine croissance au fil des années. Cette croissance des mines ne semble pas malgré tout avoir un impact significatif sur l’employabilité des jeunes diplômés en mines et géologie à en croire les premiers responsables de l’Amicale des Etudiants Miniers du Burkina Faso (AEM-BF) lors de la 2e Edition du forum de l’étudiant minier tenu à Ouagadougou.
Selon Adama Ouédraogo obtenir un emploi et le conserver requiert certaines aptitudes qu’il faut savoir acquérir et développer.
« Aujourd’hui, les étudiants rencontrent des problèmes d’insertion socioprofessionnelle et il est important pour ces derniers d’échanger avec le secteur privé notamment les entreprises des mines et carrières pour présenter leurs préoccupations et découvrir les raisons pour lesquels il y a des blocages ». C’est par ces mots que le responsable recrutement à ESSAKANE SA a introduit sa communication.
Les étudiants dira Adama Ouédraogo doivent se poser un certain nombre de questions dans leur quête de stages et d’emplois. L’étudiant doit se demander si la méthode qu’il utilise pour la recherche de stage est-elle la bonne ? les dossiers qu’il présente sont-ils bons ? l’attitude qu’il a est-elle la bonne ? Fournit-il l’effort qu’il faut pour obtenir le stage ?
Lors de cette rencontre d’échanges avec les étudiants en fin de cycle, le communicateur a laissé entendre que l’étudiant ne doit pas attendre la fin de sa formation avant de se lancer dans la recherche d’un stage ou emploi. Il doit chercher à se former en s’outillant en techniques de recherches d’emplois. « Le fait de rechercher un stage est en lui-même un emploi à temps plein avec une stratégie, une méthodologie, un suivi avec un engagement permanent », a expliqué Adama Ouédraogo. « Quand on cherche un stage on ne peut pas se lever le matin à 9 h pour aller voir les entreprises et espérer en trouver » a-t-il martelé par la suite.
Certains étudiants trouvent souvent des stages mais manquent de sérieux pour se maintenir sur le terrain. « Nous avons eu des stagiaires que nous avons engagé et deux ou trois jours après ils nous appellent pour nous dire qu’ils ne sont plus intéressés alors qu’on a laissé d’autres sur le carreau pour leur donner cette opportunité. Ils ont fait perdre la chance à des étudiants parce que c’est quelqu’un d’autre qui leur a trouvé le stage. Certains même vous disent clairement ‘’Je ne l’ai pas demandé. C’est l’école qui me dit de venir en stage’’. », raconte le communicateur.
Pour mieux faire comprendre son idée à ses interlocuteurs, Adama Ouédraogo a raconté sa propre expérience. Il dit avoir d’abord fait des stages de 6 et 9 mois soit 14 mois dans un cabinet de recrutement. « C’est la réussite de mon stage qui a déterminé ma carrière », a-t-il renchéri avant d’ajouter que quand il est allé en entretien, on lui a demandé ce qu’il savait faire le mieux. Il a tout simplement répondu « le recrutement », une réponse qui lui a permis d’être embauché à Essakane SA.
« Au bout de 3 mois, je suis passé de chargé de recrutement à responsable recrutement. Donc je n’ai pas perdu mes 14 mois inutilement », explique-t-il.
En plus de la formation en techniques de recherche d’emplois, Adama Ouédraogo a recommandé aux étudiants de recourir à une formation en leadership. Cette formation selon lui ne s’acquiert que sur le terrain. L’étudiant doit savoir aborder son maitre de stage pour atteindre les résultats escomptés. Le maitre de stage n’a souvent pas le temps et c’est donc à l’étudiant de savoir le déranger de la bonne manière pour obtenir sa collaboration. Il faut aussi que les étudiants acceptent de commencer par le bas de l’échelle pour apprendre certaines choses avant de monter en grade. « On peut commencer comme technicien même si on est ingénieur. Les gens veulent directement commencer en haut. Il va falloir changer cette mentalité », explique-t-il.
Adama Ouédraogo a salué l’initiative de l’Amicale des Etudiants Miniers qui est d’aider ces derniers à obtenir des stages dans les entreprises. Il a recommandé aux responsables de cette structure de travailler à obtenir les statistiques. Il a reconnu l’effort qui a été déjà fait en faisant ressortir l’information selon laquelle le Burkina Faso a 17 mines et 32 carrières. Ce qui manque c’est le nombre d’ingénieurs déjà formés, le nombre de demandeurs de stages, le nombre de ceux qui ont déjà obtenu des stages etc. « Ce sont ces chiffres qu’il faut travailler à améliorer. Si les entreprises minières ne recrutent que 10% il faut que l’Amicale travaille à ce que ce chiffre passe à la hausse chaque année. »
Adama Ouédraogo a souhaité que l’Amicale puisse suivre l’évolution et l’amélioration de ces statistiques en initiant aussi des formations au niveau des établissements.
Bessy François SENI