L’Europe intègre un projet africain de terres rares à sa stratégie d’approvisionnement

L’Afrique est en passe de contester la domination chinoise sur les terres rares, grâce à des projets prometteurs au Malawi, en Tanzanie ou en Namibie. L’un de ces projets devrait alimenter une usine de traitement de terres rares en Pologne, qui vient d’obtenir le soutien de l’Union européenne.

La Commission européenne a publié mardi 25 mars la liste de 47 projets destinés à sécuriser et diversifier l’accès aux matières premières critiques dans l’Union européenne (UE). Le projet de séparation des terres rares de Pulawy en Pologne, qui devrait s’approvisionner à partir de la future mine de terres rares Songwe Hill au Malawi, figure dans cette liste.

L’intégration à cette liste signifie pour les projets concernés un accès facilité au financement pour entrer en production, avec le soutien coordonné des États membres, de la Commission européenne et des institutions financières de l’UE. Ce soutien pourra aussi inclure la mise en relation avec des acheteurs potentiels, ainsi qu’un processus simplifié en matière d’autorisation réglementaire. Par exemple, les permis pour des projets de traitement de minéraux comme Pulawy devraient prendre 15 mois, alors que les processus actuels peuvent durer 5 à 10 ans.

Depuis quelques années, des observateurs estiment que l’intégration des projets africains de minéraux critiques pourrait soutenir la politique européenne de réduction de la dépendance aux partenaires extérieurs, notamment la Chine. Avec 30 % des réserves mondiales de minéraux critiques, l’Afrique peut accompagner cette dynamique, comme l’illustre le projet Pulawy. Reste à voir si Mkango Resources, opérateur de Songwe Hill, pourra tirer parti de cette reconnaissance européenne pour sécuriser son financement et avancer vers la production.

Ce projet d’usine de traitement situé en Pologne devrait livrer annuellement 2000 tonnes d’oxydes de néodyme et de praséodyme, ainsi que 50 tonnes d’oxydes de dysprosium et de terbium. Il s’agit de quatre métaux de terres rares utilisés dans l’industrie éolienne et celle des batteries électriques, et qui se trouvent dans le carbonate de terres rares qui sera produit au Malawi par la société Mkango Resources. Selon une étude de faisabilité publiée en 2022, Songwe Hill peut livrer annuellement 8425 tonnes de carbonate de terres rares sur 18 ans.

Notons qu’en dehors des collaborations institutionnelles comme celles annoncées ce mardi, les relations entre l’Afrique et l’Europe en matière de minéraux critiques peuvent s’étendre sur des terrains aux enjeux commerciaux plus évidents. C’est le cas des accords d’approvisionnement en graphite négociés ces dernières années par des sociétés actives sur des projets africains avec des clients basés en Europe comme Traxys.

La plupart de ces partenariats reposent cependant sur l’exportation de matières premières de l’Afrique vers l’Europe, une approche de plus en plus remise en cause sur le continent. Les États africains poussent désormais pour une industrialisation locale, remettant en cause un modèle d’exportation brute qui limite les retombées économiques.

Agence ecofin

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