L’Afrique ne capte qu’une faible part des budgets mondiaux pour l’exploration de cuivre

L’Afrique héberge plus de 10 % des réserves mondiales de cuivre, mais occupe encore une part marginale dans les budgets dédiés à l’exploration du métal rouge. Une situation qui interroge face à la croissance de la demande mondiale de cuivre, notamment à cause de la transition énergétique.
Les investissements mondiaux dans l’exploration du cuivre ont atteint 3,2 milliards $ en 2024, un niveau inédit depuis 2013. Malgré ses grandes réserves, l’Afrique ne capte pourtant qu’une faible fraction de ces financements, selon un rapport de S&P Global Market Intelligence publié mi-mars 2025. Avec à peine plus de 200 millions $ mobilisés l’année dernière, le continent se classe avant-dernier des régions, devant seulement la zone pacifique.
En dépit de leur statut de grands producteurs de cuivre, la RDC et la Zambie peinent à attirer les budgets d’exploration. La RDC, deuxième producteur mondial, n’a reçu que 71,5 millions $ en 2024, soit près de dix fois moins que le Chili (637 millions $) et trois fois moins que le Pérou (233 millions $), troisième producteur mondial de cuivre. La Zambie, autre poids lourd africain du cuivre, a quant à elle attiré 65,5 millions $, un niveau similaire à son voisin congolais, mais bien inférieur aux standards des autres grandes régions minières.

Cette situation n’est pas nouvelle puisque, en 2023, le continent se classait déjà à l’avant-dernière place. Les investissements dédiés à l’exploration dans la région sont néanmoins en hausse, avec un bond de 24 % en 2023 selon S&P, la plus forte progression en glissement annuel, enregistrée parmi les régions du monde examinées. La progression a été plus modeste (1 %) en 2024.
À titre de comparaison, l’Afrique reste tout de même loin d’autres acteurs, comme les États-Unis, qui ont vu leurs financements pour l’exploration du cuivre bondir de 7 % à 456 millions $ en 2024. Le Canada et l’Australie affichent également des budgets bien supérieurs, avec respectivement 336 millions et 305 millions $. L’Amérique latine reste la région la plus prisée, totalisant 1,4 milliard de dollars, dont près de la moitié (637 millions $) pour le Chili, premier producteur mondial de cuivre.
Urgence à accroitre les investissements
Notons que les dépenses d’exploration présentées dans le rapport sont classées en 3 catégories. La première concerne les investissements que les compagnies consacrent à l’exploration sur des mines déjà en exploitation. Ces travaux visent généralement à découvrir de nouvelles ressources susceptibles de prolonger la durée de vie de la mine. Cette catégorie domine dans le budget dédié à l’exploration, avec 1,24 milliard $ (+12 % en glissement annuel), soit 39 % du total.
La deuxième catégorie concerne l’exploration initiale, qui permet d’identifier des ressources susceptibles de justifier le développement d’une mine. Ce segment a chuté de 9 %, la deuxième année consécutive de baisse, et a représenté 25 % de l’exploration mondiale de cuivre en 2024, contre une part de 40 % en 2015. Quant aux financements liés aux études de faisabilité et autres évaluations finales précédant la construction de la mine, le rapport ne mentionne pas de gains significatifs.
Contactés par notre rédaction pour comprendre la faiblesse persistante des budgets d’exploration dans le cuivre en Afrique, les équipes de S&P Global Market Intelligence n’ont pas encore réagi à la date de rédaction de ces lignes. Rappelons tout de même que la RDC et la Zambie abritent à elles seules environ 10 % des réserves mondiales de cuivre, selon l’United States Geological Survey, avec un potentiel de hausse encore significatif. Rien qu’en 2023, S&P a estimé que 65 % des nouvelles annonces des réserves de cuivre identifiées dans le monde ont eu lieu en RDC.
Quoi qu’il en soit, l’Afrique ne peut continuer à être indéfiniment sous-estimée dans les budgets d’exploration des plus grands producteurs mondiaux de cuivre. Avec des besoins en investissement estimés à 2 100 milliards $ pour répondre à la demande mondiale, la part dédiée à l’Afrique dans ces financements doit impérativement augmenter. D’ici 2050, la demande en cuivre devrait en effet croitre de 70 % selon BHP, et la mobilisation de financements pour exploiter les réserves africaines sera essentielle pour y répondre.
Agence ecofin