La Côte d’Ivoire envisage d’investir dans l’électronucléaire pour sécuriser son avenir énergétique

Face aux limites prévisibles des énergies conventionnelles, la Côte d’Ivoire envisage désormais l’électronucléaire pour répondre durablement aux défis croissants de son approvisionnement électrique.

Alors que la Côte d’Ivoire intensifie ses efforts dans les énergies renouvelables, le pays souhaite également miser sur l’électronucléaire, en ciblant particulièrement les petits réacteurs modulaires (SMR) pour répondre durablement à sa demande énergétique croissante.

Lors d’un l’atelier organisé à Abidjan du 17 au 21 mars 2025 et consacré au Programme National d’Électronucléaire (NEPIO), Bienvenu Essé Kouamé, DG des Hydrocarbures au ministère ivoirien des Mines, du Pétrole et de l’Énergie, a présenté l’électronucléaire comme une solution stratégique pour garantir à long terme une électricité décarbonée et fiable.

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Le pays connaît actuellement une croissance annuelle d’environ 10% de sa consommation d’électricité, stimulée par un dynamisme économique et une progression démographique estimée à 2,9% par an par les autorités. Cette situation le pousse à accélérer l’intégration de solutions alternatives à son mix énergétique. Le Plan directeur production-transport 2022-2040 prévoit ainsi d’augmenter la capacité installée de 5127 MW en 2030 à 8604 MW en 2040, avec une part de 45% d’énergies renouvelables.

Mais selon Bienvenu Essé Kouamé, ces méthodes classiques pourraient bientôt atteindre leurs limites, justifiant l’exploration active des petits réacteurs nucléaires modulaires. Ces derniers suscitent un intérêt grandissant à l’échelle mondiale en raison de leur coût réduit, leur flexibilité et leur capacité à produire une énergie stable et bas carbone. Selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE), des projets SMR totalisant environ 25 GW de capacité sont déjà en développement dans le monde.

En Côte d’Ivoire et plus généralement en Afrique, ces réacteurs pourraient répondre efficacement aux défis énergétiques majeurs. Avec environ 600 millions d’habitants privés d’électricité et des infrastructures énergétiques souvent insuffisantes ou vieillissantes, les SMR constituent une technologie pertinente pour les réseaux électriques fragiles, fréquents notamment en Afrique subsaharienne.

D’une puissance généralement comprise entre 10 et 350 MW, ces réacteurs sont adaptés aux besoins spécifiques des économies émergentes du continent, notamment en matière d’électrification rurale et de stabilité des réseaux locaux. En faisant le pari de l’électronucléaire, la Côte d’Ivoire pourrait ainsi ouvrir une voie pionnière en Afrique vers une énergie nucléaire adaptée, sécurisée et décarbonée.

Mais pour concrétiser ces ambitions, les autorités ivoiriennes devront convaincre les investisseurs privés, garantir une régulation rigoureuse et surtout surmonter les barrières socio-économiques et environnementales inhérentes au développement du nucléaire. Le pays devra également identifier clairement ses futurs partenaires internationaux.

Si la Russie, via Rosatom, s’impose aujourd’hui comme l’acteur nucléaire dominant en Afrique, la Chine pourrait également devenir un partenaire stratégique, justement grâce à ses petits réacteurs modulaires ACP100. Les USA, actifs dans la région avec également des projets SMR au Ghana, pourraient aussi constituer une option crédible. Enfin, d’autres pays comme la Corée du Sud ou le Canada proposent des technologies attractives pouvant répondre spécifiquement aux besoins énergétiques et aux réalités ivoiriennes.

AgenceEcofin

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