Justice Climatique : Le Burkina exige que les grands pollueurs paient
Ce mardi 03 décembre, l’ambassadeur (du Burkina à Bruxelles) Léolpold Tonguéma Bonkoungou et le professeur Mamadou Hébié ont décliné la lecture du Burkina sur les obligations des États dans la crise climatique devant la Cour internationale de Justice. Ils ont pointé la responsabilité des grands pollueurs et requis qu’ils paient.
Les effets de la crise climatique n’épargnant pas le Burkina Faso, aucune action ne doit être négligée pour les contrer. C’est vraisemblablement ce que les autorités burkinabè font. Le canal de la justice climatique est mis à contribution. C’est alors que le pays a fait entendre sa voix devant la Cour Internationale de Justice pour plaider que les pollueurs historiques paient les dommages qu’ils ont provoqué.
L’Ambassadeur Bonkoungou a rappelé à la Cour qu’en 1980 déjà, le président Thomas Sankara face à la dégradation de l’environnement, avait tiré la sonnette d’alarme pour engager la responsabilité de « ceux qui, loin de chez eux, provoquent de façon directe et indirecte les perturbations climatiques et écologiques ».
Évoquant la conférence de Paris sur la Forêt et l’eau en 1986, l’Ambassadeur fait constater que Sankara dans sa position avait proposé la solution suivante : « qu’au moins un pour cent des sommes colossales sacrifiées dans la recherche de la cohabitation avec les astres, servent à financier de façon compensatoire, des projets de lutte pour sauver l’arbre et la vie ».
Dans la foulée, l’Ambassadeur a regretté que les signaux d’alarme et les solutions proposées par le Burkina ont été un coup d’épée dans l’eau. Pourtant, les burkinabè souffrent le martyr de la crise climatique du fait de la responsabilité des pays industrialisés. Il n’a pas manqué de rappeler qu’en matière de production de gaz à effet de serre, la part du Burkina Faso est à peine de 0,12%.
Cependant, s’insurge l’Ambassadeur « les déterminants-clé de son développement, à savoir les ressources en eau, l’agriculture, les ressources halieutiques, la santé, l’énergie, les infrastructures et l’habitat sont tous gravement affectés par les effets néfastes des émissions de gaz à effet de serre et les changements climatiques ».
Il étaye que le pays est le 29e État au monde le plus vulnérable aux changements climatiques et le 158e État au monde le mieux préparé pour y faire face. Sur la base de ce constat, il a exigé le versement d’une indemnité compensatoire, qui n’est pas une aumône, mais un acte de justice qui découle du droit international.
Rappelons que l’ambassadeur était assisté du professeur en droit international, Mamadou Hébié. Ce dernier a également pris la parole allant dans le sens de l’ambassadeur en mobilisant les arguments juridiques fondés entre autres sur la Convention-cadre des Nations Unies sur le changement climatique, le protocole de Kyoto et l’accord de Paris.
Hamidou TRAORE