Guinée : le gouvernement signe un accord-cadre avec les compagnies actives sur le fer de Simandou
En pleine production, le gisement de Simandou peut livrer 100 millions de tonnes de minerai de fer. Décidé à préserver les intérêts guinéens dans ce gigantesque projet, Conakry avait ordonné début mars l’arrêt de toutes les activités liées à son développement.
En Guinée, les autorités de Transition ont annoncé le week-end dernier la conclusion d’un accord-cadre « historique » avec les deux sociétés actives sur les quatre blocs du géant projet de fer Simandou.
Rio Tinto Simfer et Winning Consortium Simandou vont en effet mutualiser leurs investissements pour la construction du Transguinéen, un chemin de fer d’environ 670 km permettant d’acheminer la future production de fer vers le port en eau profonde qui sera construit à Moribaya. Cette avancée intervient deux semaines après la suspension ordonnée par le président Mamadi Doumbouya de toutes les activités liées au projet.
« C’est le lieu de remercier […] ces deux partenaires qui ont mis de côté beaucoup d’égo, beaucoup d’autres intérêts pour revenir à ce qui est un partenariat gagnant-gagnant pour toutes les parties », a réagi à la télévision nationale Moussa Magassouba, ministre guinéen des Mines.
Selon les termes du nouveau contrat tripartite signé dans la nuit du vendredi 25 mars, l’Etat guinéen obtient une participation gratuite et non diluable de 15 % dans le capital des sociétés qui détiendront le chemin de fer et le port. En outre, ces infrastructures entreront automatiquement dans le giron de l’Etat guinéen dès la fin des travaux de construction, et une agence nationale sera créée pour en assurer la gestion ad vitam aeternam au profit de toutes les parties prenantes.
Ce sont des innovations majeures qui tranchent avec la précédente convention de base liant les entreprises à l’Etat et aux termes de laquelle ce dernier ne détenait aucun intérêt dans le chemin de fer et le port et devait attendre 35 ans d’utilisation, avant d’en obtenir la gestion. De plus, ces infrastructures ne serviront désormais plus uniquement au minerai de fer, mais pourront aussi être utilisées pour le transport des personnes, des biens, des produits agricoles et enfin par d’autres compagnies minières qui s’installeront dans la partie sud-est de la Guinée.
Un calendrier de développement a également été établi avec les deux sociétés actives sur les quatre blocs fixant l’achèvement des travaux de construction des infrastructures ferroviaires et portuaires au 31 décembre 2024 au plus tard. Quant à l’entrée en production commerciale de Simandou, elle est attendue pour le 31 mars 2025 au plus tard.
Des sanctions « majeures » sont prévues en cas de non-respect de ces échéances par Rio Tinto Simfer et Winning Consortium Simandou, « allant jusqu’au retrait pur et simple du titre minier », a précisé Ousmane Gaoual Diallo, ministre porte-parole du gouvernement.
Le « contenu local », cher à l’actuel chef de l’Etat guinéen Mamadi Doumbouya, n’a pas été omis dans cet accord. En plus du recours aux entreprises guinéennes chaque fois que cela est possible, les autorités exigent des compagnies étrangères engagées pour les différents contrats liés au développement de Simandou, la formation de coentreprises avec des sociétés locales pour mener leurs activités. Il est également demandé à Rio Tinto Simfer et Winning Consortium Simandou la formation et le transfert du savoir aux Guinéens.
« Cet accord-cadre va permettre le développement conjoint de ce projet gigantesque […]. Nous parlons de 15 milliards de dollars d’investissement, entre les infrastructures et le développement minier », a commenté Fadi Wazni, représentant de Winning Consortium.
Pour rappel, Simandou héberge jusqu’à 4 milliards de tonnes de minerai de fer, d’après les chiffres du gouvernement. Selon une analyse faite début mars par la banque américaine JP Morgan, les quatre blocs devraient livrer annuellement 100 millions de tonnes de minerai de fer à plein régime, dont 60 millions de tonnes pour les deux blocs gérés par Winning Consortium Simandou. Ce dernier regroupe des intérêts chinois, français, singapouriens et guinéens, alors que Rio Tinto Simfer est une coentreprise entre le chinois Chinalco et l’anglo-australien Rio Tinto.
Source : Agence Ecofin