Ghana : un nouvel outil pour la traçabilité de la production artisanale d’or

Au Ghana, l’exploitation artisanale de l’or est encore peu contrôlée dans un contexte où 85 % de la production de cette filière est illégale. L’État veut changer la donne, afin de limiter les pertes, tout en positionnant le pays comme un acteur clé du marché international de l’or.   

Le gouvernement ghanéen envisage de créer d’ici mars 2025 le « Ghana Gold Board », un conseil d’administration de l’or qui sera chargé de lutter contre la contrebande et d’accroître les recettes publiques tirées de l’exploitation des ressources aurifères du pays. Le projet, révélé par le ministre des Finances Cassiel Ato Forson, le lundi 27 janvier, devrait aussi s’inscrire dans le cadre d’une stratégie plus large visant à obtenir la certification LBMA. 

Basée à Londres, la London Bullion Market Association (LBMA) est un régulateur du marché de l’or et de l’argent, qui fixe notamment des normes pour assurer une production de qualité, transparente et responsable. Ses membres sont tenus de respecter les exigences de son code des métaux précieux afin d’obtenir le label « Good Delivery », justifiant ainsi la qualité de leur produit pour un approvisionnement responsable des marchés internationaux.  

Selon les informations relayées par plusieurs médias locaux et internationaux, dont Reuters, le nouveau conseil qui est en cours de création devrait aider les autorités dans les démarches entamées pour permettre au premier producteur d’or africain d’intégrer ce cercle. On apprend à cet effet que le Ghana Gold Board sera accrédité par l’État pour rationaliser l’achat de l’or en fonctionnant en tant qu’acheteur unique auprès des producteurs locaux. Il veillera à la traçabilité des stocks commercialisés et à la régularisation de l’exploitation minière artisanale au Ghana.  

Il faut noter que ce développement intervient quelques mois après que le Ghana a fait un pas important vers cet objectif. En juin 2024, le pays avait en effet annoncé un partenariat stratégique avec la LBMA dans le but de promouvoir l’adoption de pratiques minières responsables auprès des acteurs du secteur de l’exploitation minière artisanale. Ceci dans le but de leur permettre d’adapter leur production aux normes d’exploitation recommandées par l’organisation afin d’accéder à son marché officiel de raffineurs.  

Toujours dans la même vision, les autorités ont également exprimé leur volonté de positionner la Royal Ghana Refinery, une nouvelle raffinerie d’or inaugurée dans le pays en 2024, dans la course vers l’accréditation LBMA. Une certification qui pourrait s’avérer bénéfique pour cette infrastructure, en garantissant notamment un approvisionnement éthique et l’intégrité de sa production.  

Des défis à relever  

Si le Ghana Gold Board est appelé à jouer un rôle clé dans le processus de certification LBMA du Ghana, il convient de notifier que d’énormes défis sont à relever dans ce sens. En effet, la réussite du projet dépendra surtout de la capacité de cette nouvelle institution à réguler la production d’or, de sorte à promouvoir une production responsable dans un pays où l’exploitation artisanale est en grande partie pratiquée dans l’illégalité, créant ainsi un manque à gagner conséquent à l’État.  

D’après des données rapportées par ENACT, un projet de l’organisation Interpol, l’exploitation minière illégale d’or (appelée localement Galamsey) englobe 85 % des activités de la filière de l’exploitation minière artisanale à petite échelle.

Le Think tank Wilson Center indique par ailleurs que le phénomène génère annuellement une perte de près de 2,3 milliards de dollars au gouvernement. Ces chiffres illustrent l’ampleur de ce phénomène au Ghana et les difficultés des autorités à contrôler la production nationale, dont une partie est commercialisée via les circuits de contrebande.  

D’un autre côté, même si le Ghana Gold Board parvenait à remplir cette mission, l’obtention de la certification LBMA ne serait pas de facto assurée. La procédure d’adhésion à cette entité est rigoureuse, nécessitant qu’un candidat soit attesté par au moins trois membres déjà reconnus par la LBMA. En outre, la demande de certification LBMA en elle-même n’est considérée que lorsque le demandeur est doté d’une expérience d’au moins cinq ans en tant que raffineur d’or, indique le site officiel de l’institution londonienne.  

Ce qui signifie que la Royal Ghana Refinery devra encore attendre au moins 2030 avant d’espérer obtenir une accréditation. Notons que la raffinerie sud-africaine Rand Refinery Ltd est encore à ce jour la seule installation disposant de la certification LBMA en Afrique.

Agence ecofin

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