Gabon : le gouvernement envisage d’interdire aux compagnies minières d’exporter les minerais bruts
Le développement d’une industrie de transformation locale est une préoccupation qui prend de plus en plus d’importance dans les pays miniers africains. Cela permet non seulement aux Etats de tirer davantage de recettes de leurs ressources, mais aussi de créer plus d’emplois.
Au Gabon, le président Ali Bongo veut obliger les compagnies minières à développer une industrie de transformation locale. Pour y arriver, le gouvernement envisage d’interdire les exportations de minerais bruts, notamment le manganèse, explique Alain-Claude Bilie-By-Nze, le ministre de l’Energie et des Ressources hydrauliques cité par la presse locale.
Le Gabon est l’un des principaux fournisseurs mondiaux de manganèse, mais la participation du pays aux autres étapes de la chaine de valeur est en effet encore limitée, malgré l’existence du Complexe métallurgique de Moanda (CMM). Ce dernier assure depuis 2014 une première transformation du manganèse avant exportation.
En incitant les producteurs à se tourner vers la construction d’autres complexes de ce type, l’Etat gabonais veut porter la valeur ajoutée du secteur à 900 milliards FCFA en 2025 (1,4 milliard $), contre 293 milliards FCFA en 2010 (466 millions $), précise Le Nouveau Gabon. Pour réussir ce pari, le gouvernement devra compter sur la coopération de la Comilog, de la Nouvelle Gabon Mining, ainsi que de la Compagnie industrielle et commerciale des mines de Hua Zhou, les trois principales sociétés exploitant le manganèse dans le pays.
Une interdiction brusque sans une feuille de route claire concernant la construction des raffineries pourrait en effet porter un coup dur à un secteur qui devrait bientôt représenter 10 % du PIB gabonais, contre 6 % en 2019. La RDC et la Tanzanie ont par exemple tenté de mettre en œuvre une mesure similaire avant de rétropédaler ou de devoir (dans le cas de la RDC) délivrer des dérogations aux compagnies minières face aux difficultés de ces dernières à installer rapidement des unités locales de transformation.
Source: Agence Ecofin