Après une année 2020 marquée par la baisse historique de la consommation mondiale de charbon, la reprise économique (2021) et l’impact de la guerre en Ukraine sur les prix du gaz (2022) entrainent un regain d’intérêt pour le combustible. L’Afrique du Sud et le Botswana sont bien placés pour en profiter.
La consommation mondiale de charbon devrait atteindre 8 milliards de tonnes en 2022. Cela correspond, apprend-on du rapport Coal Market publié le jeudi 28 juillet par l’Agence internationale de l’énergie (AIE), au niveau historique établi en 2013 et qui n’a plus été atteint depuis.
Si ces prévisions se confirment, il s’agirait d’une hausse de 0,7 % en glissement annuel. Le niveau record s’explique par la progression de la demande depuis 2021, qui a rebondi de 6 % par rapport à 2020, renforcée cette année par l’impact de la guerre en Ukraine sur les prix de l’énergie, particulièrement celui du gaz naturel.
Cette hausse a rendu le charbon plus attractif et « a intensifié le passage du gaz au charbon dans de nombreux pays ». Le second facteur est lié à la hausse de la demande en Inde, compensant la faiblesse de la consommation chinoise, du fait du ralentissement économique dans l’empire du Milieu.
En Europe, la consommation de charbon devrait augmenter de 7 % cette année, après une hausse de 14 % en 2021. Le vieux continent a d’ailleurs recours désormais à des producteurs qu’il pressait auparavant de mettre un terme à l’exploitation de leurs réserves dans le cadre de la transition énergétique.
En Afrique du Sud par exemple, des données du terminal charbonnier de Richards Bay rapportées en juin par Reuters indiquent que les exportations du pays vers l’Europe ont atteint 3,2 millions de tonnes entre janvier et mai 2022, contre 2,3 millions de tonnes pour toute l’année 2021.
En marge du Mining Indaba tenu au Cap en mai, les déclarations du président botswanais Mokgweetsi Masisi laissaient déjà entrevoir cet intérêt nouveau pour le charbon africain. Selon le dirigeant, son pays qui fait partie des principaux producteurs du continent, a en effet reçu plusieurs sollicitations pour fournir chaque mois jusqu’à 50 000 tonnes de charbon à des clients européens.
Si la nécessité de réduire leur empreinte carbone finira par pousser les producteurs africains à réduire ou mettre fin à l’exploitation du charbon, il faut tout de même souligner que la situation actuelle donne raison aux partisans d’une transition en douceur vers des énergies propres. À l’occasion de la COP 26, les autorités du Botswana et de l’Afrique du Sud avaient réaffirmé leur volonté de poursuivre la production de charbon, malgré l’annonce par la Chine de son intention d’arrêter de financer de nouveaux projets à l’étranger.
Agence Ecofin