Dégradation de la qualité de l’air au Burkina : Une situation préoccupante

C’est un secret de polichinelle. Le Burkina Faso voit la qualité de l’ensemble des pans de son environnement se dégrader dangereusement au fil des années. Et cette dangereuse dégradation se traduit, entre autres, par la pollution de l’air qui connait une concentration loin au-dessus de la moyenne préconisée.

En effet, les données sur le niveau de la dégradation de l’air au Burkina Faso sont alarmantes et une préoccupation majeure. L’air du Burkina est considéré comme insalubre selon les directives de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). En 2023, selon le site IQAIR https://www.iqair.com/fr/burkina-faso, Ouagadougou a été identifiée comme « la ville la plus propre et la plus polluée du pays », avec une moyenne de l’Indice de Qualité de l’Air (IQA) de 128. Cette moyenne place le Burkina Faso au cinquième rang des pays avec la pire qualité de l’air moyenne en 2023.

La loi n°005/97/ADP du 30 janvier 1997, portant Code de l’Environnement au Burkina Faso définit la pollution de l’air comme la présence dans l’air ambiant de substances ou particules qui, de par leurs aspects, leurs concentrations, leurs odeurs ou leurs effets physiologiques, portent préjudice à la santé et à la sécurité publiques ou à l’environnement.

La pollution de l’air est causée par les rejets de gaz issus du secteur de l’énergie, des procédés industriels, de l’agriculture, de la foresterie, du transport et de l’incinération à ciel ouvert des déchets. Aux sources de pollution de l’air, on peut ajouter le tabagisme, l’élevage domestique, le brulage d’encens, les véhicules anciens etc.

Selon le « Tableau de bord de l’environnement 2021 » du ministère de l’environnement, de l’eau et de l’assainissement, édité en mars 2023, la qualité de l’air fait l’objet d’un suivi. Ce suivi concerne essentiellement les polluants qui suscitent les plus fortes préoccupations en santé publique. Il s’agit des particules fines de taille inférieure ou égale à 10 microns : PM10.

Les valeurs moyennes de PM10 à Ouagadougou en 2018, étaient beaucoup plus élevées que les normes nationales et internationales, atteignant un pic de 1125 μg/m³ à l’échangeur Nord, contre une norme nationale de 300 μg/m³ et une recommandation de l’OMS de 50 μg/m³.

La pollution de l’air intérieur est également un problème, causée principalement par l’utilisation de biomasse comme source de combustion pour la cuisson des repas. Cette exposition chronique aux polluants de l’air à l’intérieur des ménages est à l’origine de plusieurs risques de maladies, notamment des maladies respiratoires et cardiovasculaires, des cancers et des affections oculaires. Les femmes et les enfants sont les plus exposés.

Selon les données les plus récentes disponibles du même site internet qui évalue la qualité de l’air ambiant, le niveau de pollution de l’air au Burkina Faso est de 118 (mauvais) en temps réel. Les niveaux de pollution fluctuent tout au long de la journée, atteignant un maximum de 163 (insalubre) à 3:14 AM et un minimum de 91 (modéré) à 10:14 AM. La pollution de l’air est particulièrement élevée pendant la saison sèche, qui s’étend de novembre à mars.

La pollution de l’air est responsable de 8,5 % de la morbidité générale au Burkina Faso. En 2016, la pollution de l’air intérieur a été responsable de 3,8 millions de décès dans le monde. La situation est particulièrement grave en Afrique, des nouvelles estimations de l’OMS montrant plus de 800 millions de personnes exposées à la pollution de l’air de la maison due à la seule cuisine.

Il est recommandé aux individus sensibles de réduire les efforts prolongés ou intenses à l’extérieur lorsqu’il y a des niveaux élevés de pollution de l’air.

Selon un rapport de l’OMS intitulé « Pollution de l’air intérieur des ménages au Burkina Faso : Profil pays et éléments clés pour l’élaboration d’une stratégie nationale », l’exposition chronique aux polluants de l’air à l’intérieur des ménages est à l’origine de plusieurs risques de maladies, dont des maladies respiratoires et cardiovasculaires, des cancers et des affections oculaires. Les femmes et les enfants sont les plus exposés. Ainsi, le risque d’un enfant de moins de 5 ans d’être atteint d’une infection respiratoire aigüe est augmentée de 2,3 fois s’il est exposé à la pollution de l’air liée à la combustion de la Biomasse.

Hamidou TRAORE, Géo-Canal-Info

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