Cuivre : les perspectives de prix revues à la baisse sur fond d’excédent jusqu’en 2025
Après avoir atteint un record de 10 800 dollars la tonne en mai 2024, le prix du cuivre a reculé ces derniers mois, dans un contexte de faiblesse de la demande. Les perspectives à long terme restent néanmoins positives, confortant les plans de hausse de la production de la RDC et de la Zambie.
L’excédent actuel sur le marché du cuivre devrait se prolonger et légèrement se renforcer en 2025, a annoncé fin août le deuxième producteur mondial BHP. Cette prévision intervient alors que le prix du cuivre s’est contracté de 19 % depuis son pic à plus de 10 800 dollars atteint en mai à la bourse des métaux de Londres (LME).
BHP attribue une partie de cet excédent à la forte contraction du secteur des logements en Chine, premier consommateur mondial de cuivre. Selon Ole Hansen, responsable de la stratégie des matières premières chez Saxo Bank, la reprise de l’activité industrielle généralement observée dans l’empire du Milieu au deuxième trimestre de l’année et qui tend à réduire les stocks de matières premières ne s’est pas produite en 2024.
« Au lieu de cela, nous avons vu les stocks surveillés par les principaux marchés à terme continuer à augmenter à un rythme rapide, signalant une période d’inadéquation majeure entre l’offre et la demande, principalement en raison de la faiblesse de la demande », explique l’analyste.
Goldman Sachs évoque aussi le ralentissement de l’économie chinoise ces derniers mois pour justifier la revue à a baisse de ses prévisions de prix pour le métal rouge. Selon les analystes de la banque, le cuivre devrait se négocier à 10 100 dollars la tonne en 2025, soit un recul par rapport à l’estimation précédente de 15 000 dollars la tonne. La prévision de 12 000 dollars la tonne annoncée pour fin 2024 est par ailleurs reportée à après 2025.
Les changements annoncés peuvent réduire les revenus espérés par les producteurs de cuivre, si les prévisions initiales de prix se concrétisaient. Ils ne remettent néanmoins pas en cause les perspectives à long terme qui restent positives pour les acteurs impliqués dans l’exploitation du cuivre.
Pour BHP par exemple, l’offre mondiale ne devrait pas augmenter aussi vite que la demande, conduisant à des déficits dans la seconde moitié de cette décennie. Selon l’Agence internationale de l’énergie, les mines existantes et les projets qui entreront bientôt en production permettront seulement de satisfaire 80 % de la demande mondiale à l’horizon 2030.
Dans un tel contexte, les prix du cuivre pourraient rester élevés et même s’envoler vers des sommets insoupçonnés. Pour Pierre Andurand, gestionnaire de fonds spéculatif cité par le Financial Times, les prix du cuivre pourraient atteindre 40 000 dollars la tonne. Quoi qu’il en soit, les revenus des principaux pays producteurs devraient augmenter, soit grâce à la hausse des prix ou de la production, ou encore une combinaison de ces deux éléments.
En Afrique, les deux grands bénéficiaires de ces perspectives positives seront la RDC et la Zambie. Le premier a doublé sa production de cuivre en cinq ans, atteignant 2,8 millions de tonnes en 2023. Cette croissance peut encore s’accélérer dans les années à venir, notamment avec l’augmentation de la capacité de production des mines existantes, comme Kamoa-Kakula, ou à l’entrée en production de nouvelles mines.
En 2023, la RDC a concentré 65 % des nouvelles réserves de cuivre identifiées dans le monde, illustrant le dynamisme de l’exploration dans le pays ainsi que le potentiel minéral encore inexploité. Quant à la Zambie, le pays vise une production de 3 millions de tonnes d’ici 2031, contre environ 700 000 tonnes en 2023.
Agence ecofin