COP16 : le Burkina Faso lutte pour une justice environnementale et le transfert de technologies

𝘊𝘢𝘭𝘪, 25 𝘖𝘤𝘵𝘰𝘣𝘳𝘦 2024, 𝘚𝘢𝘭𝘭𝘦 𝘈𝘮𝘢𝘻𝘰𝘯𝘪𝘢

Les 23.000 participants de la COP16 sur la Diversité biologique venus des 196 pays membres de la convention tentent depuis le lundi 21 octobre, jour de l’ouverture officielle, de protéger ce qui peut encore l’être lors de ce sommet crucial pour l’avenir des humains, qui tirent de la nature tout ce qu’ils mangent, boivent et consomment.

A défaut de pouvoir être à Cali et de discuter, il est important de comprendre ce qu’il se dit dans ces discussions et surtout de comprendre au mieux la présence de la vingtaine de délégués du Burkina Faso à Cali. Plusieurs enjeux se jouent en terre Colombienne car le pays des hommes intègres au delà de mobiliser les ressources pour la mise en œuvre de sa stratégie sur la diversité biologique, lutte pour une justice environnementale et une Biosécurité.

La biodiversité est partout, même dans les cosmétiques et les médicaments que nous consommons tous les jours. Reconnaissant que les entreprises des pays développés prélevaient pour l’essentiel ces ressources biologiques dans des pays en développement, le protocole_de_Nagoya a établi en 2012 un cadre permettant aux deux parties de signer un contrat. L’objectif est de permettre aux pays fournisseurs de bénéficier, eux aussi, des fruits de leurs richesses naturelles. Mais avec la numérisation de ces informations génétiques, le système a largement échoué, nous dit le Dr Daogo OUOBA , Point focal du Protocole de Nagoya sur l’Accès aux ressources_génétiques et le Partage juste et équitable des Avantages découlant de leur utilisation.

Ainsi de l’avis du Dr Daogo OUOBA, pour le Burkina Faso, il y’a trois enjeux majeurs sur l’accès aux ressources génétiques:

𝟭. 𝗟𝗮 𝗿𝗲́𝗴𝘂𝗹𝗮𝘁𝗶𝗼𝗻 𝗱𝗲 𝗹’𝘂𝘁𝗶𝗹𝗶𝘀𝗮𝘁𝗶𝗼𝗻 𝗱𝗲𝘀 𝗶𝗻𝗳𝗼𝗿𝗺𝗮𝘁𝗶𝗼𝗻𝘀 𝗱𝗲 𝘀𝗲́𝗾𝘂𝗲𝗻𝗰̧𝗮𝗴𝗲_𝗻𝘂𝗺𝗲́𝗿𝗶𝗾𝘂𝗲 (𝗜𝗦𝗡, 𝗗𝗦𝗜 𝗲𝗻 𝗮𝗻𝗴𝗹𝗮𝗶𝘀) 𝗲𝘁 𝗱𝗲𝘀 𝗰𝗼𝗻𝗻𝗮𝗶𝘀𝘀𝗮𝗻𝗰𝗲𝘀 𝘁𝗿𝗮𝗱𝗶𝘁𝗶𝗼𝗻𝗻𝗲𝗹𝗹𝗲𝘀 𝗮𝘀𝘀𝗼𝗰𝗶𝗲́𝗲𝘀 (𝗖𝗧𝗔)

La communauté internationale se retrouve, à l’image de la Conférence de Berlin en novembre 1884 – février 1885, pour partager la biodiversité et les ressources génétiques du monde, y compris celles du Burkina Faso, que l’on le veuille ou non. Puisque une bonne partie de nos ressources génétiques a été collectée, séquencée ou non et conservée dans des banques de gènes à l’international. Comment accéder et utiliser ces ressources génétiques. Les délégués du Faso négocient à cette COP 16 pour un accès libre ou un accès contrôlé à ces ressources.

𝟮. 𝗟𝗮 𝗺𝗶𝘀𝗲 𝗲𝗻 𝗽𝗹𝗮𝗰𝗲 𝗱’𝘂𝗻 𝗺𝗲́𝗰𝗮𝗻𝗶𝘀𝗺𝗲 𝗺𝘂𝗹𝘁𝗶𝗹𝗮𝘁𝗲́𝗿𝗮𝗹𝗲 𝗱𝗲 𝗽𝗮𝗿𝘁𝗮𝗴𝗲 𝗱𝗲𝘀 𝗮𝘃𝗮𝗻𝘁𝗮𝗴𝗲𝘀 𝗺𝗼𝗻𝗲́𝘁𝗮𝗶𝗿𝗲𝘀 𝗲𝘁 𝗻𝗼𝗻 𝗺𝗼𝗻𝗲́𝘁𝗮𝗶𝗿𝗲𝘀 𝘁𝗶𝗿𝗲́𝘀 𝗱𝗲 𝗹’𝘂𝘁𝗶𝗹𝗶𝘀𝗮𝘁𝗶𝗼𝗻 𝗱𝗲𝘀 𝗜𝗦𝗡 𝗲𝘁 𝗱𝗲𝘀 𝗖𝗧𝗔 𝗽𝗼𝘂𝗿 𝗺𝗲𝘁𝘁𝗿𝗲 𝗳𝗶𝗻 𝗮̀ 𝘂𝗻𝗲 𝗶𝗻𝗷𝘂𝘀𝘁𝗶𝗰𝗲 𝗵𝗶𝘀𝘁𝗼𝗿𝗶𝗾𝘂𝗲 :

L’Afrique en général et le Burkina Faso en particulier, a demandé et obtenu en 2022 à Montréal au Canada la mise en place d’un mécanisme multilatérale de partage des avantages monétaires et non monétaires tirés de l’utilisation des séquençages numériques et des connaissances traditionnelles associées. A cette COP16, les négociations portent sur l’opérationnalisation de ce mécanisme. Il s’agit par exemple de la mise en place des organes de pilotage du mécanisme. Le Burkina Faso veut jouer un rôle stratégique dans la gestion de ce mécanisme de partage des avantages.

𝟯. 𝗟𝗮 𝗰𝗿𝗲́𝗮𝘁𝗶𝗼𝗻 𝗱’𝘂𝗻 𝗳𝗼𝗻𝗱𝘀 𝗮𝗹𝗶𝗺𝗲𝗻𝘁𝗲́ 𝗽𝗮𝗿 𝗹𝗲𝘀 𝗮𝘃𝗮𝗻𝘁𝗮𝗴𝗲𝘀 𝗺𝗼𝗻𝗲́𝘁𝗮𝗶𝗿𝗲𝘀 𝘁𝗶𝗿𝗲́𝘀 𝗱𝗲 𝗹’𝘂𝘁𝗶𝗹𝗶𝘀𝗮𝘁𝗶𝗼𝗻 𝗱𝗲𝘀 𝗜𝗦𝗡 𝗲𝘁 𝗱𝗲𝘀 𝗖𝗧𝗔:

L’utilisation des séquençages numériques (ISN ) et des Connaissances traditionnelles associées (CTA) provenant des pays à méga biodiversité et spécifique comme le Burkina Faso, génère une importante ressource financière. C’est par exemple les chaînes de valeur des produits cosmétique, parfumerie, agroalimentaire, pharmaceutique, etc. La délégation Burkinabè négocie la création d’un fonds dédié à l’exploitation commerciale des ISN et des CTA. <<Les modèles économiques que nous avons simulés sur la valeur économique générées par ces ISN nous donnent une base négociable de 1% du prix de vente TTC des produits issus des ISN et des CTA avec les entreprises, les laboratoires, les universités, les États, etc. du monde impliqués dans les chaînes de valeur. L’argent mobilisé dans ce fonds sera redistribué aux pays pourvoyeurs des ISN et des CTA>> a conclu le négociateur principal pour la création de ce fond, le Dr Daogo OUOBA.

Outre les enjeux de mobilisation des ressources financières et une justice environnementale, le Burkina Faso est à Cali pour faire entendre sa position sur les avancées technologiques. Le Burkina Faso s’est engagé dans la voie de la souveraineté et la COP16 doit être un tremplin pour aider le pays à résoudre certaines préoccupations et être au diapason de l’évolution technologique.

Pour le Directeur Général de l’Agence Nationale de la Biosécurité, le Dr Koussao SOME, Point focal du Protocole de Cartagena sur la prévention des risques biotechnologiques relatifs à la convention sur la diversité biologique, la COP16 doit aboutir à certaines résolutions:

𝟭. 𝗤𝘂𝗲 𝗹𝗮 𝗰𝗼𝗻𝘃𝗲𝗻𝘁𝗶𝗼𝗻 𝗳𝗮𝗰𝗶𝗹𝗶𝘁𝗲 𝘂𝗻𝗲 𝗔𝗱𝗼𝗽𝘁𝗶𝗼𝗻 𝗱𝘂 𝗴𝘂𝗶𝗱𝗲 𝘃𝗼𝗹𝗼𝗻𝘁𝗮𝗶𝗿𝗲 𝘀𝘂𝗽𝗽𝗹𝗲́𝗺𝗲𝗻𝘁𝗮𝗶𝗿𝗲 𝘀𝘂𝗿 𝗹’𝗲́𝘃𝗮𝗹𝘂𝗮𝘁𝗶𝗼𝗻 𝗱𝗲𝘀 𝗿𝗶𝘀𝗾𝘂𝗲𝘀 𝗽𝗼𝘂𝗿 𝗹𝗲𝘀 𝗼𝗿𝗴𝗮𝗻𝗶𝘀𝗺𝗲𝘀 𝘃𝗶𝘃𝗮𝗻𝘁𝘀 𝗺𝗼𝗱𝗶𝗳𝗶𝗲́𝘀 𝗽𝗮𝗿 𝗴𝗲́𝗻𝗶𝗲 𝗴𝗲́𝗻𝗲́𝘁𝗶𝗾𝘂𝗲, 𝗰𝗼𝗺𝗺𝗲 𝗰𝗼𝗻𝘃𝗲𝗻𝘂 𝗱𝗮𝗻𝘀 𝗹𝗮 𝗱𝗲́𝗰𝗶𝘀𝗶𝗼𝗻 𝗖𝗣𝟭𝟬/𝟭𝟬. 𝘓𝘦 𝘉𝘶𝘳𝘬𝘪𝘯𝘢 𝘍𝘢𝘴𝘰 𝘦𝘴𝘵 𝘦𝘯𝘨𝘢𝘨𝘦́ 𝘥𝘢𝘯𝘴 𝘭a 𝘳𝘦𝘤𝘩𝘦𝘳𝘤𝘩𝘦 𝘴𝘶𝘳 𝘭𝘦𝘴 𝘮𝘰𝘶𝘴𝘵𝘪𝘲𝘶𝘦𝘴 𝘢̀ 𝘨𝘶𝘪𝘥𝘢𝘨𝘦 𝘨𝘦́𝘯𝘦́𝘵𝘪𝘲𝘶𝘦 (𝘨𝘦𝘯𝘦 𝘥𝘳𝘪𝘷𝘦), 𝘲𝘶𝘪 𝘷𝘪𝘴𝘦 𝘢̀ 𝘭𝘰𝘯𝘨 𝘵𝘦𝘳𝘮𝘦 𝘢̀ 𝘳𝘦́𝘴𝘰𝘶𝘥𝘳𝘦 𝘭𝘦 𝘱𝘳𝘰𝘣𝘭𝘦̀𝘮𝘦 𝘥𝘶 𝘱𝘢𝘭𝘶𝘥𝘪𝘴𝘮𝘦 𝘲𝘶𝘪 𝘤𝘰𝘯𝘵𝘪𝘯𝘶𝘦 𝘢̀ 𝘧𝘢𝘪𝘳𝘦 𝘥𝘦𝘴 𝘮𝘪𝘭𝘭𝘪𝘰𝘯𝘴 𝘥𝘦 𝘷𝘪𝘤𝘵𝘪𝘮𝘦𝘴 𝘥𝘢𝘯𝘴 𝘭𝘦 𝘱𝘢𝘺𝘴. 𝘓𝘦 𝘨𝘶𝘪𝘥𝘦 𝘷𝘰𝘭𝘰𝘯𝘵𝘢𝘪𝘳𝘦 𝘤𝘰𝘯𝘴𝘵𝘪𝘵𝘶𝘦 𝘶𝘯 𝘰𝘶𝘵𝘪𝘭 𝘵𝘳𝘦̀𝘴 𝘪𝘮𝘱𝘰𝘳𝘵𝘢𝘯𝘵 𝘱𝘰𝘶𝘳 𝘳𝘦́𝘨𝘭𝘦𝘮𝘦𝘯𝘵𝘦𝘳 𝘭𝘦𝘴 𝘳𝘦𝘤𝘩𝘦𝘳𝘤𝘩𝘦𝘴 𝘦𝘯 𝘤𝘰𝘶𝘳𝘴 𝘦𝘵 𝘢̀ 𝘷𝘦𝘯𝘪𝘳 𝘴𝘶𝘳 𝘭𝘦𝘴 𝘰𝘳𝘨𝘢𝘯𝘪𝘴𝘮𝘦𝘴 𝘷𝘪𝘷𝘢𝘯𝘵𝘴 𝘮𝘰𝘥𝘪𝘧𝘪𝘦́𝘴 𝘱𝘢𝘳 𝘨𝘦́𝘯𝘪𝘦 𝘨𝘦́𝘯𝘦́𝘵𝘪𝘲𝘶𝘦 𝘢𝘷𝘢𝘯𝘵 𝘭𝘦𝘶𝘳 𝘥𝘪𝘴𝘴𝘦́𝘮𝘪𝘯𝘢𝘵𝘪𝘰𝘯 𝘥𝘢𝘯𝘴 𝘭’𝘦𝘯𝘷𝘪𝘳𝘰𝘯𝘯𝘦𝘮𝘦𝘯𝘵.

𝟮. 𝗔𝗱𝗼𝗽𝘁𝗶𝗼𝗻 𝗱’𝘂𝗻𝗲 𝗱𝗲́𝗰𝗶𝘀𝗶𝗼𝗻 𝘀𝘂𝗿 𝗹𝗮 𝗯𝗶𝗼𝗹𝗼𝗴𝗶𝗲 𝗱𝗲 𝘀𝘆𝗻𝘁𝗵𝗲̀𝘀𝗲 𝗾𝘂𝗶 𝗶𝗻𝘁𝗲̀𝗴𝗿𝗲 𝗹𝗮 𝘃𝗲𝗶𝗹𝗹𝗲 𝗽𝗿𝗼𝘀𝗽𝗲𝗰𝘁𝗶𝘃𝗲, 𝗹𝗮 𝘀𝘂𝗿𝘃𝗲𝗶𝗹𝗹𝗮𝗻𝗰𝗲 𝗲𝘁 𝗹’𝗲́𝘃𝗮𝗹𝘂𝗮𝘁𝗶𝗼𝗻 𝗱𝗲𝘀 𝗱𝗲́𝘃𝗲𝗹𝗼𝗽𝗽𝗲𝗺𝗲𝗻𝘁𝘀 𝘁𝗲𝗰𝗵𝗻𝗼𝗹𝗼𝗴𝗶𝗾𝘂𝗲𝘀 𝗿𝗲́𝗰𝗲𝗻𝘁𝘀, 𝗻𝗼𝘂𝘀 𝗽𝗲𝗿𝗺𝗲𝘁𝘁𝗮𝗻𝘁 𝗱𝗲 𝗿𝗲𝘀𝘁𝗲𝗿 𝗶𝗻𝗳𝗼𝗿𝗺𝗲́𝘀 𝘀𝘂𝗿 𝗹𝗲 𝗱𝗲́𝘃𝗲𝗹𝗼𝗽𝗽𝗲𝗺𝗲𝗻𝘁 𝗱𝗲 𝘁𝗲𝗰𝗵𝗻𝗼𝗹𝗼𝗴𝗶𝗲𝘀 𝗿𝗲́𝗰𝗲𝗻𝘁𝗲𝘀.

𝟯. 𝗤𝘂𝗲 𝗽𝗮𝗿 𝗰𝗲𝘁𝘁𝗲 𝗖𝗢𝗣, 𝗲𝘁 𝗮𝘂 𝗿𝗲𝗴𝗮𝗿𝗱 𝗱𝗲 𝗰𝗲𝘀 𝗮𝘃𝗮𝗻𝗰𝗲́𝗲𝘀 𝘁𝗲𝗰𝗵𝗻𝗼𝗹𝗼𝗴𝗶𝗾𝘂𝗲𝘀, 𝗹’𝗼𝗻 𝗽𝘂𝗶𝘀𝘀𝗲 𝗴𝗮𝗿𝗮𝗻𝘁𝗶𝗿 𝗾𝘂𝗲 𝗹𝗲𝘀 𝗲𝗳𝗳𝗼𝗿𝘁𝘀 𝗱𝗲 𝗿𝗲𝗻𝗳𝗼𝗿𝗰𝗲𝗺𝗲𝗻𝘁 𝗱𝗲𝘀 𝗰𝗮𝗽𝗮𝗰𝗶𝘁𝗲́𝘀, 𝗱𝗲 𝘁𝗿𝗮𝗻𝘀𝗳𝗲𝗿𝘁 𝗱𝗲 𝘁𝗲𝗰𝗵𝗻𝗼𝗹𝗼𝗴𝗶𝗲𝘀 𝗲𝘁 𝗱𝗲 𝗽𝗮𝗿𝘁𝗮𝗴𝗲 𝗱𝗲𝘀 𝗰𝗼𝗻𝗻𝗮𝗶𝘀𝘀𝗮𝗻𝗰𝗲𝘀 𝘀𝗼𝗶𝗲𝗻𝘁 𝘂𝗻𝗲 𝗿𝗲́𝗮𝗹𝗶𝘁𝗲́ 𝗽𝗼𝘂𝗿 𝗹𝗲𝘀 𝗽𝗮𝘆𝘀 𝗲𝗻 𝗱𝗲́𝘃𝗲𝗹𝗼𝗽𝗽𝗲𝗺𝗲𝗻𝘁 𝗰𝗼𝗺𝗺𝗲 𝗹𝗲 𝗕𝘂𝗿𝗸𝗶𝗻𝗮 𝗙𝗮𝘀𝗼.

Encore une semaine pour les délégués Burkinabè pour défendre les intérêts du pays des hommes intègres à Cali et arracher des avantages pour le Burkina Faso. Les délégués devront être davantage motivés par le soutien politique et gouvernemental avec l’arrivée prochaine du ministre de l’Environnement, de l’Eau et de l’Assainissement, Roger BARO qui fera davantage entendre la voie du Burkina Faso à la COP16

DCRP/MEEA

Laisser un commentaire