Cobalt : vers un déficit de l’offre dès 2030, selon le Cobalt Institute

La demande mondiale de cobalt augmentera à un rythme plus soutenu que celui de l’offre dans les années à venir, ce qui fera basculer le marché d’un excédent en 2024 à un déficit au début des années 2030, estime le Cobalt Institute dans son rapport annuel publié le 14 mai 2025.

Fondé en 1982, le Cobalt Institute regroupe les principaux acteurs de la chaîne de valeur du cobalt – producteurs, utilisateurs, recycleurs et négociants – représentant ensemble environ 80 % du marché mondial.

Intitulé Cobalt Market Report 2024, le document prévoit une croissance annuelle moyenne de 7 % de la demande mondiale jusqu’à la fin de la décennie, pour atteindre 400 000 tonnes au début des années 2030. Cette progression sera tirée principalement par la montée en puissance du secteur des batteries électriques.

En parallèle, l’offre mondiale ne devrait croître qu’à un rythme annuel moyen de 5 % d’ici 2030. La République démocratique du Congo (RDC), qui a représenté 76 % de l’offre primaire en 2024, verra sa part reculer à 65 %, tandis que celle de l’Indonésie passera de 12 % à 22 %, en raison d’une montée rapide en production.

À court terme, l’évolution du marché dépendra en grande partie de la stratégie adoptée par la RDC, notamment après l’interdiction de quatre mois des exportations de cobalt décidée en février 2025 pour tenter de relancer les cours. Cette mesure pourrait être prolongée, mais Kinshasa reste floue sur ses intentions. Le 14 mars, le gouvernement a annoncé sa volonté de fixer des quotas d’exportation et de coopérer avec l’Indonésie pour gérer l’excédent d’offre et mieux contrôler les prix. Mais, à ce jour aucune information ne filtre sur la mise en œuvre ces décisions.

Début 2025, les prix du cobalt ont rebondi sous l’effet de la suspension des exportations par la RDC et d’un excédent anticipé plus faible dans les années à venir. Ces conditions créent un contexte favorable à une remontée des prix.

En 2024, la demande mondiale de cobalt a progressé de 14 %, atteignant 222 000 tonnes. Le segment des batteries électriques, qui représente 76 % de la consommation totale et 94 % de la croissance annuelle, a été le principal moteur. Les véhicules électriques, dont les ventes ont grimpé de 26 %, ont à eux seuls représenté 43 % de la demande.

Le secteur de l’électronique portable (téléphones, tablettes, ordinateurs) a aussi vu sa demande augmenter de 12 %. L’essor de l’intelligence artificielle, avec ses besoins en calcul intensif, a conduit à une augmentation de la capacité des batteries.

Un excédent de 32 000 tonnes en 2024

La demande dans les segments des superalliages et des applications militaires a également progressé, soutenue par la hausse des dépenses de défense.

Mais pour la troisième année consécutive, la croissance de l’offre a surpassé celle de la demande. En 2024, la production primaire mondiale a atteint 254 000 tonnes (+22 % par rapport à 2023), portée par la montée en régime des mines congolaises opérées par le groupe chinois CMOC.

Avec 30 000 tonnes extraites (+82 % en un an), l’Indonésie s’est installée comme deuxième producteur mondial. Le marché a ainsi enregistré un excédent de 32 000 tonnes en 2024, soit près de 15 % de la demande totale, contre 25 000 tonnes en 2023.

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