Burkina-Une faiblesse avérée de la protection de l’environnement dans le secteur minier
Des spécialistes environnementaux pensent que l’inapplication du principe pollueur-payeur n’est qu’un pan dans la détérioration de l’environnement. Ils regrettent que la protection de l’environnement soit loin des priorités. Ainsi, David Moyenga regrette que, malgré le fait que le Burkina Faso ait exploité au moins 19 mines, il n’y a pas de dispositif efficace mis en place par l’Etat pour le contrôle et la surveillance de ces mines pour s’assurer ou faire respecter la législation environnementale. Il cite à titre illustratif le cas de la mine de Perkoa où 08 travailleurs ont perdu la vie après une inondation en avril 2022.
L’instruction judiciaire du dossier a révélé une série de négligences, de violations répétées des règles et des exigences élémentaires de sécurité et de santé au travail. Côté infrastructure, un laborantin de l’administration publique qui a requis l’anonymat est formel : Faute de moyen, le Burkina n’a pas un dispositif conséquent pour dresser un « état de référence de la situation de la pollution aux métaux lourds au plan national » et les traiter efficacement. L’homme précise que les « laboratoires sont sous équipés en ressource humaines, financière et en équipements adéquats », il en veut pour preuve, par exemple un appareil à la pointe de la technologie comme le « ICP MS » qui pourrait coûter jusqu’à 250 millions fait défaut. Les personnes ressources qualifiées manquent, les ressources financières sont grandement insuffisantes…
Une étude intitulée « Évaluation environnementale et sociale du secteur minier Approche stratégique en vue de l’amélioration de la gestion environnementale et sociale du secteur minier » du Ministère des Mines et de l’Énergie (janvier 2014) corrobore l’avis des experts environnementalistes en quelque points :« La protection de l’environnement n’a jamais été une priorité des gouvernements successifs. La gestion environnementale n’existe que sur papier et en fonction des pressions extérieures (Nations Unies, Banque Mondiale, ONG).
L’allocation budgétaire en matière de protection de l’environnement, et en particulier en matière d’évaluation environnementale, reste faible. La gestion environnementale est à ses débuts et est souvent fonction des pressions extérieures (Nations Unies, Banque Mondiale, ONG) et intérieures (textes de loi, Commission Nationale des investissements). Le ministère de l’Environnement a constamment changé d’orientation et de structuration depuis les 20 dernières années. Le lobbying des sociétés minières fait en sorte que peu de moyens sont mis en œuvre pour le contrôle. Il y a une insuffisance de connaissance ou d’intérêt général pour la protection de l’environnement.
Les conséquences qui en découlent sont un suivi environnemental et social du secteur minier quasi inexistant, Aucune donnée sur le suivi des risques environnementaux et sociaux des sociétés minières et une Capacité réduite d’intervention du BUNEE pour la réalisation de son mandat légalement défini. »
Hamidou TRAORE