Burkina-Région des Cascades : l’or caché dans les déchets plastiques
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A Banfora, dans la région des Cascades au Burkina, l’Association Sherifa a trouvé un moyen de collecter et de traiter les déchets plastiques. Elle a organisé les femmes en plusieurs groupes pour la collecte des plastiques. Ils sont ensuite transformés en objets utiles.
Dans une cour d’un secteur de Banfora, des paquets de sachets bien emballés sont entassés. D’autres attendent d’être triés. Il s’agit d’une cour transformée en centre de collecte. Ce lieu est sous la supervision de Charles Traoré, responsable financier de l’Association Sherifa, basée à Bobo-Dioulasso. Avec son équipe, il a mis en place un projet qui contribue à la protection de l’environnement et à l’autonomisation des femmes.
L’Association Sherifa a regroupé des femmes et des jeunes en plusieurs équipes. Leur mission est de collecter et recycler les sachets plastiques éparpillés dans la ville. Ces déchets, qui polluaient les rues et les champs, sont désormais une véritable mine d’or. Une fois récupérés par les femmes, ils sont transformés en différents objets tels que des seaux, des bassines ou encore des brosses à linge.
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L’initiative a germé en 2014 avec un projet initial d’achat de sachets plastiques par une autre structure. « Nous avons compris que nous pouvions en faire un métier », raconte Charles Traoré. Au début, ces déchets étaient envoyés au Mali pour être recyclés. Par la suite, l’association a vu l’opportunité de créer une unité locale de transformation, installée à Bobo-Dioulasso.
Alimatou Tou fait partie de ces femmes engagées dans le projet. Avec son groupe de six collègues, elle parcourt les marchés, les caniveaux et les débits de boissons pour récupérer les sachets en plastique. Une fois une quantité suffisante réunie, elles les réunissent dans des balles de moustiquaires qu’elles envoient au siège de l’Association Sherifa de Banfora. Cette activité représente une véritable aubaine pour celles qui n’avaient jusque-là aucun revenu stable.
« Mon mari ne travaille pas. Et ce boulot m’aide beaucoup à prendre soin des enfants. Et parfois, je peux donner quelque chose à mon mari pour son essence », affirme Alimatou Tou, le visage rayonnant de fierté. Grâce à ce travail, ces femmes gagnent entre 1 000 et 1 500 francs CFA par jour. La somme semble modeste, mais importante pour changer le quotidien de leurs familles.
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Oumar Ouattara, représentant de Sherifa à Banfora, rappelle que le projet a d’abord nécessité une grande campagne de sensibilisation. « Quand nous sommes arrivés, la pollution plastique était alarmante. Par mois, je transportais jusqu’à 20 tonnes de déchets. Aujourd’hui, cette quantité a considérablement diminué », explique-t-il avec satisfaction.
Pour de nombreux jeunes, cette initiative est aussi une source de revenus. C’est le cas de Ouattara Daouda et Issouf Dao, chargés de compresser les sachets en paquets. Ancien étudiant, Ouattara a dû abandonner ses études, mais trouve dans cette activité un moyen de gagner sa vie. Il est payé le mois à environ 40 000 francs CFA. « Ce n’est pas suffisant, mais ce n’est pas mal non plus », concède Daouda.
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L’impact du projet ne fait aucun doute. « Une femme nous a remerciés parce qu’avant, son champ de riz était envahi de plastiques. Aujourd’hui, elle n’en voit presque plus », raconte Charles Traoré avec un sourire satisfait.
Avec ce succès, l’Association Sherifa ne compte pas s’arrêter là. Elle envisage désormais de recycler également les bouteilles d’eau minérale et les bidons d’huile en pavés. Elle compte aussi installer une unité de transformation directement à Banfora pour réduire les coûts.
Studio Yafa – Fondation Hirondelle