A la suite de l’incendie meurtrier survenu le 23 septembre dernier dans un dépôt d’essence de contrebande à Sèmè-Kraké, les autorités du Bénin œuvrent afin d’empêcher un autre drame. Des mesures sont en cours pour mieux réorganiser le secteur.
Au Bénin, le gouvernement a adopté plusieurs mesures visant à réorganiser le secteur informel de la vente des produits pétroliers sur l’ensemble du territoire.
D’après ce qu’a annoncé le porte-parole du gouvernement, Wilfried Léandre Houngbédji, l’État a lancé la commande de plus de 5 000 mini-stations qui seront mises gratuitement à la disposition des vendeurs de produits pétroliers opérant dans l’informel.
« Dans l’immédiat, 2 000 mini-stations sont déjà acquises sur les au moins 5 000 commandées. Ces mini-stations vont permettre de couvrir tout au moins les cinq grandes villes du sud du pays. Au fur et à mesure que le reste de la commande va arriver, cela va s’étendre à toutes les localités du pays », a fait savoir M. Houngbédji, lors d’un point de presse cette semaine.
L’implantation de ces mini-stations par les autorités devrait contribuer à réduire les risques qu’engendre la vente de produits pétroliers frelatés.
Au Bénin, le commerce illicite d’essence ferait perdre directement à l’État, 20 milliards FCFA par an (soit 32 millions USD), le secteur informel concentrant à lui seul, entre 75 et 80% du volume de l’essence vendue, rapporte l’agence Xinhua.
Au-delà des pertes fiscales, les dégâts humains sont tout aussi importants. L’incendie du samedi 23 septembre survenu dans un dépôt de carburant de contrebande à Sèmè-Kraké a fait 36 morts et 23 victimes de brûlures sévères, selon un dernier bilan officiel.
Selon les informations, l’entrepôt d’essence de contrebande de Sèmè-Kraké serait le plus gigantesque de la ville où ce commerce serait très répandu. Le gouvernement béninois estimerait à 540 000, le nombre d’acteurs évoluant dans ce secteur.
Le contrôle de la vente d’essence apparaît par ailleurs comme un impératif au Bénin. Dans un rapport sur les liens entre l’extrémisme violent et les activités illégales au Bénin, l’ISS révélait que le commerce illégal de l’essence frelatée communément appelée « Kpayo » permet aux groupes armés de se procurer de l’essence pour leurs moyens de déplacement, et de tirer d’importants revenus de ce trafic.
Une situation qui exposerait le pays. De fait, longtemps épargné par les assauts terroristes, le Bénin a subi une série d’attaques dont deux en 2020, au moins 7 en 2021, plus de 20 répertoriés en 2022 et 15 déjà depuis 2023.
Agence ecofin