Alumine : la Guinée se prépare à mieux profiter d’un marché de 66 milliards $ d’ici 2035

La Guinée est le deuxième producteur mondial de bauxite, avec plus de 140 millions de tonnes exportées en 2024. Le pays veut mieux tirer profit de ce statut en se positionnant sur le marché de l’alumine, un produit issu de la transformation de la bauxite et intermédiaire à l’aluminium.   

En Guinée, le chinois State Power Investment Corporation (SPIC) a lancé mercredi 26 mars les travaux de construction d’une usine de production d’alumine dans la préfecture de Boffa. Ce projet, annoncé en décembre 2024, vise à mieux positionner ce pays ouest-africain sur un marché mondial de l’alumine estimé à 66 milliards $ d’ici 2035.  

Selon Verified Market Research, le marché de l’alumine devrait croître à un taux annuel composé (CAGR) de 5 %, atteignant 48 milliards $ d’ici 2031. Une autre estimation de Roots Analysis anticipe une valeur de 66 milliards $ en 2035, avec un CAGR de 4,43 %. Pour tirer parti de cette dynamique, Conakry a encouragé ces dernières années la construction de raffineries afin de limiter l’exportation de bauxite brute.  

Le projet de SPIC représente un investissement de 1,03 milliard $ pour une capacité annuelle de 1,2 million de tonnes, avec une mise en service prévue en 2028. D’autres initiatives sont en cours, notamment celle de l’homme d’affaires franco-guinéen Fadi Wazni avec sa société Alteo dans la région de Boké. Par ailleurs, un accord de 4 milliards $ a été signé avec Emirates Global Aluminium (EGA) pour une raffinerie supplémentaire.  

Deuxième producteur mondial de bauxite, la Guinée ne dispose pour l’instant que d’une seule raffinerie, Friguia, exploitée par le russe Rusal. Cette situation limite sa participation au marché de l’alumine, un produit qui se vend en moyenne quatre à cinq fois plus cher que la bauxite. Sur la bourse des métaux de Londres, l’alumine pour livraison en juin s’échangeait à 391 $ la tonne le 26 mars, contre 89 $ la tonne pour la bauxite sur le Shanghai Metals Market.  

Développer une industrie locale permettrait donc non seulement d’augmenter les revenus miniers, mais aussi de créer des emplois. 600 emplois directs et plusieurs milliers d’opportunités indirectes sont par exemple attendus grâce au projet de SPIC, selon Conakry. A titre de comparaison, les principaux producteurs de bauxite et d’or ont déclaré 8147 employés à l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives en 2022, dont 2070 Guinéens.  

La mise en place d’une industrie de transformation en Guinée fait cependant face à plusieurs défis. L’un des principaux concerne l’approvisionnement énergétique, alors que plus de la moitié de la population n’a pas accès à l’électricité. Raffiner la bauxite est particulièrement énergivore : selon l’Atlantic Council, l’extraction de la bauxite consomme environ 34 kWh par tonne métrique, contre plus de 3 000 kWh pour son raffinage en aluminium.  

Le gouvernement doit également convaincre les investisseurs d’aller au bout des projets. EGA, par exemple, a vu ses exportations de bauxite suspendues en octobre 2024, en raison d’un retard dans la construction de sa raffinerie. 

Agence ecofin

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