Depuis 2008, année du boom minier au Burkina, l’or est passé devant le coton à l’exportation. Dans le pays, on compte deux types de mines : les gros sites aurifères ou mines industrielles qui contribuent à de 10% au produit intérieur brut, et des mines artisanales avec un rendement beaucoup moins important. Ces sites artisanaux d’or se comptent aujourd’hui à environ 800 et sont rependus sur tout le territoire burkinabè. L’orpaillage est ainsi pratiqué par des milliers de personnes. Les conditions de travail y sont bien souvent très rudimentaires. Les mineurs n’ont pas d’équipement de sécurité.
Sur ces sites artisanaux se trouvent de nombreux trous, avec des installations plus ou moins solides exploités par des particuliers. Ils sont creusés entre 25 et 80 mètres en moyenne. L’objectif est d’atteindre les 100 mètres, car plus c’est profond et plus l’or est facile à saisir. Et pour atteindre cette profondeur, les orpailleurs passent souvent par le dynamitage lorsqu’ils croisent des roches d’une certaine dimension.
Pour dynamiter ces roches, ces derniers font usage d’explosifs, très dangereux pour eux même mais aussi pour l’environnement. On se rappelle toujours du drame du 21 février sur le site d’or artisanal de Gomgombiro, dans le sud-ouest du Burkina Faso une soixantaine de personnes avaient perdu la vie dans l’incendie d’une boutique de stockage illicite d’explosifs.
L’utilisation des explosifs sur le site d’exploitation artisanale de l’or est strictement interdite par la réglementation. L’importation de ce produit est soumise à une autorisation préalable Malheureusement la plupart des orpailleurs n’ont pas cette autorisation d’exploitation ni de stockage.
La loi 051 de 2017 a prévu des sanctions pécuniaires et des sanctions privatives de liberté. Au titre des sanctions pécuniaires, il est prévu une amende allant de 10 000 000 à 100 000 000 F CFA. Pour les peines privatives de liberté, la durée est de 5 à 10 ans ferme pour toute personne qui utiliserait, ou qui commercialiserait des substances explosives sur des sites d’exploitation minière artisanale.
L’Agence nationale d’encadrement des exploitations minières artisanales et semi-mécanisées (ANEEMAS), est la structure chargée de sensibiliser les acteurs sur l’interdiction de l’utilisation anarchique des explosifs dans l’activité minière artisanale, et les accompagner pour pouvoir répondre à leurs besoins en toute sécurité. Malheureusement plusieurs sites d’orpaillage ne sont pas enregistrés auprès de l’ANEEMAS.
En plus de cela, Certaines contraintes notamment le respect des textes en matière de prérogatives de l’ANEEMAS comme le décret de 2018 qui encadre l’exploitation artisanale de l’or et qui précise que pour que l’ANEEMAS organise une sortie sur un site artisanal, il faut nécessairement qu’il y ait un accord avec les détenteurs de permis d’exploitation du site.
Or 90% de ces requêtes envers les détenteurs de permis selon l’ANEEMAS, se sont soldées par un refus. Cela constitue un blocus pour la structure d’organiser des formations sur un certain nombre de sites. Il y a donc la nécessité de réformer les textes pour permettre à l’ANEEMAS d’opérer et d’organiser des formations et sensibilisations sur les dangers de l’utilisation des explosifs.