“L’Afrique est pleinement convaincue et engagée en faveur d’un taux net zéro et soutient l’agenda climatique, mais là où nous divergeons, c’est sur le calendrier”, a déclaré à l’AFP la commissaire à l’énergie de l’Union africaine (UA) Amani Abou-Zeid, en marge du sommet Green Energy Africa au Cap.
La population africaine, qui s’élève à 1,3 milliard d’habitants, devrait doubler d’ici à 2050, et les pays de l’UA ont pour objectif de mettre une énergie abordable et fiable à la disposition de tous d’ici à 2063, a-t-elle noté.
Le financement de la transition écologique de l’Afrique sera probablement un des principaux points chauds de la COP27 de novembre au Caire.En vertu de l’accord de Paris de 2015, les nations riches ont l’obligation d’aider les pays en développement à réduire leurs émissions dans le cadre des efforts mondiaux de lutte contre le réchauffement climatique. Mais elles n’ont jusqu’à présent pas respecté leurs engagements.
Le vice-ministre ghanéen de l’Energie, Mohammed Amin Adam, a estimé que les investissements internationaux dans les énergies vertes en Afrique étaient “encore effroyables”, ne représentant qu’environ 2 % du total mondial.
Substitut aux revenus
Mais les pays africains devront également assurer le financement de projets pétroliers et gaziers lors de la COP27, car les revenus des combustibles fossiles sont nécessaires pour financer les mesures d’adaptation au climat, a-t-il déclaré à l’AFP.
Selon le responsable ghanéen, la plupart des producteurs africains de pétrole et de gaz tirent l’essentiel de leurs recettes d’exportation de ces combustibles. “Si nous abandonnons cela, comment pouvons-nous même financer notre capacité à nous adapter aux effets du climat ? Nous ne le pourrons pas. À moins que nous n’ayons un substitut pour nos revenus”, a-t-il souligné.
Les pays africains sont parmi les plus exposés aux effets du changement climatique, notamment à l’aggravation des sécheresses et des inondations, mais ils ne sont responsables que d’environ 3% des émissions mondiales de CO2, a rappelé en septembre l’ancien secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon.
S’exprimant lors d’un événement organisé dans le cadre de la Semaine africaine du pétrole au Cap, le ministre sud-africain de l’énergie, Gwede Mantashe, a déclaré qu’il n’était pas dans l’intérêt du pays d’abandonner trop rapidement le charbon, car cela nuirait à l’économie et coûterait des milliers d’emplois.
L’Afrique du Sud est le principal producteur et consommateur de charbon du continent, mais aussi un des douze plus grands pollueurs du monde.
L’année dernière, le gouvernement a obtenu 8,5 milliards de dollars de prêts et subventions d’un groupe de pays riches pour financer la transition vers des solutions plus écologiques. Mais l’accord est en suspens, dans un contexte de négociations tendues avec les pays donateurs sur la manière dont l’argent doit être dépensé.
Lorsque les économies développées viennent nous voir en disant “une partie des 8,5 milliards de dollars va être dépensée pour accélérer la sortie du charbon”, je pense que ce n’est pas dans notre intérêt”, a déclaré Mantashe.