Avec les importantes découvertes d’hydrocarbures réalisées ces derniers mois en Algérie et les retombées du conflit en Ukraine, de nombreux analystes tablent sur une influence de plus en plus renforcée du pays sur le marché énergétique international.
L’ancien ministre algérien de l’Energie, Abdelmadjid Attar (photo), s’est prononcé, le lundi 25 juillet, sur le contexte géopolitique qui prévaut en Europe depuis plusieurs mois. Une situation, en lien avec le conflit entre la Russie et l’Ukraine, que l’Algérie peut utiliser à son avantage pour se repositionner en tant que fournisseur énergétique de premier plan, tant au niveau régional qu’intercontinental, affirme-t-il.
Selon Attar, « l’Algérie a non seulement les ressources énergétiques, qu’elles soient fossiles ou renouvelables, mais aussi les moyens humains et réglementaires pour se positionner en tant que partenaire de premier plan au sein du bassin méditerranéen et en particulier pour l’Europe ».
Pour réaliser cette ambition, l’expert souligne que l’Algérie doit, d’une part, réajuster sa stratégie de développement afin de l’adapter au contexte énergétique global, actuellement en grande mutation. Un changement essentiellement lié à la volonté des pays, européens entre autres, d’assurer, à moyen et long termes, leur sécurité énergétique.
D’autre part, l’ex-ministre indique que l’Algérie devrait tabler sur la capacité de la compagnie publique du pétrole, Sonatrach, à honorer ses engagements contractuels vis-à-vis de ses partenaires. Un atout majeur qui a contribué au succès de la firme publique depuis plusieurs années et devrait l’aider à renforcer son influence.
Par ailleurs, Abdelmadjid Attar a indiqué la nécessité pour le pays maghrébin de renforcer ses investissements dans les énergies faibles en émissions de gaz carbonique. Ceci dans le contexte global de la transition énergétique.
La démarche doit « s’accompagner d’une industrie du renouvelable, créatrice de beaucoup d’emplois », en permettant à l’Algérie d’anticiper sa propre sécurité énergétique et de limiter la dépendance de l’économie nationale à l’exploitation pétrolière.
Toutefois, bien que la crise ukrainienne soit une opportunité pour le gaz algérien d’augmenter ses parts de marché, de nombreux experts soulignent la nécessité pour le pays, d’explorer son potentiel en gaz de schiste, sous peine de manquer le coche. Les ressources gazières conventionnelles du pays étant de plus en plus réduites et limitées par une demande locale en constante hausse, il serait en effet impossible pour l’Algérie de tenir un rôle de premier plan sur le long terme, sans un recours au schiste.
L’Algérie, troisième pays pétrolier d’Afrique avec 12,2 milliards de barils des réserves prouvées de pétrole en 2020, réalise depuis le début de l’année, une performance opérationnelle remarquable, marquée par plusieurs découvertes significatives d’hydrocarbures.
La semaine dernière, le président algérien, Abdelmadjid Tebboune, a annoncé la signature d’un contrat d’une valeur de 4 milliards de dollars dans le cadre d’un partenariat gazier avec l’Italie. Un deal qui en dit long sur la volonté d’Alger de renforcer son influence sur l’échiquier énergétique de la région MENA et l’Europe.
Agence Ecofin