Au Cameroun, les orpailleuses exposées au mercure souffrent de lésions vaginales
Alors que la convention de Minamata sur le mercure engage les États à éliminer cette substance du processus d’extraction artisanale de l’or, les orpailleuses dans la région de l’Est du Cameroun sont régulièrement exposées à la forte concentration du produit.
Adèle Ngozo, travaille dans un site minier à Kambélé, localité située dans l’arrondissement de Batouri à l’Est du Cameroun. Ici, plus de 66% de la population dépend de l’exploitation artisanale de l’or. Chaque jour, à l’aide d’un marteau, Adèle concasse manuellement des blocs de gravier, avant de tamiser leurs grains de minéraux dans un lac artificiel. Trempée jusqu’à la hanche pendant des heures dans de l’eau souillée par une forte concentration de mercure, cette Camerounaise retourne le sable sans aucune protection. Si le mercure favorise la séparation de l’or des autres minéraux dans le processus d’extraction, il peut aussi être fatal.
“Depuis que je travaille avec les Chinois sur ce site avec le mercure, j’ai souvent des blessures vaginales. J’ai régulièrement des céphalées, mes ongles ont noirci. Avant, je n’avais pas ces problèmes”, constate Adèle Ngozo.
A Kambélé, nombreuses sont les orpailleuses à avoir des lésions vaginales. “Ma belle sœur avait des blessures au niveau de son sexe. A l’hôpital, le médecin lui a interdit de travailler dans les sites miniers”, témoigne Salamatou, une ancienne orpailleuse.
De graves problèmes de santé
A l’hôpital catholique de Batouri, le Docteur Bethsalel Ndifo reçoit fréquemment des femmes souffrant de lésions vaginales. “Pour une femme qui doit être dans un liquide rempli de mercure qui arrive jusqu’au niveau vaginal, le contact avec la substance peut entraîner les lésions au niveau de la peau et également au niveau du sexe, si le liquide y arrive”, explique-t-il.
Le Dr Bethsalel rappelle aussi que “l’inhalation de vapeur de mercure lors d’une phase l’extraction peut provoquer des troubles neurologiques, rénaux, et auto-immunitaires”. Avant de préciser qu’il “reçoit des patients qui travaillent dans ces zones qui ont des irritations, des brûlures au niveau oculaire, et des conjonctivites”. Des propos qui trouvent écho dans les dires de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) qui estime que “l’utilisation du mercure pour extraire l’or de manière artisanale ou à petite échelle est particulièrement dangereuse et l’impact sanitaire sur les populations vulnérables est important”. L’agence onusienne explique qu’il est important “de promouvoir et d’appliquer les techniques d’extraction de l’or sans mercure (ni cyanure) et, là où le mercure est toujours employé, d’adopter des pratiques de travail plus sûres afin de prévenir l’exposition”.