Pr Urbain WENMENGA (1ere partie)
« Il faut améliorer et réactualiser le code minier et le code de l’environnement»
Géo-Canal-Info a rencontré le jeudi 30 septembre 2021 à l’université Joseph KI-ZERBO (UJKZ), le Professeur Urbain WENMENGA, Enseignant-Chercheur/Professeur Titulaire. « Pétrologie » est la mention de son Doctorat, obtenu en 1986, à l’université Blaise PASCAL Clermont-Ferrand II en France. Chercheur prolifique, le Pr WENMENGA est l’auteur de nombreuses communications et publications scientifiques. Au soir de sa carrière universitaire, ce fin pédagogue que décrivent ses étudiants, demeure engagé pour la recherche. Derrière les premières impressions qui traduisent l’archétype du chercheur d’un autre temps, se dissimule un enseignant aux idées neuves, un visionnaire aux positions affirmées ; le fil de l’entrevue nous l’a, peu à peu, révélé.
Vous êtes Professeur Titulaire de Géosciences-Géoressources. Pouvez-vous nous clarifier cette notion de Géosciences-Géoressources ?
La géologie ou sciences de la terre est une discipline scientifique dont les géosciences sont l’équivalent. On peut donc parler de géologie, de sciences de la terre ou de géosciences. Tous ces termes désignent la même chose. Pour beaucoup, la géologie est une science limitative.
Mais en réalité elle comprend beaucoup de filières et de disciplines. C’est une science pluridisciplinaire et interdisciplinaire. Quand on fait de la géologie appliquée, d’aucuns pensent qu’il s’agit de la géologie en tant que tel. A l’instar de la biologie, il y a de nombreuses spécialités en géosciences. C’est vrai que sur ma carte, il est mentionné Géosciences-Géoressources. Ce sont deux termes scientifiques correspondant à deux faces d’une même médaille qu’est la géologie.
La géologie ou sciences de la terre ou encore géosciences regroupe essentiellement ce qu’on appelle la géologie fondamentale et la géologie appliquée. Il n’y a pas de géoressources s’il n’y a pas de géosciences fondamentales. C’est dire que les ressources de la terre ou géoressources sont mises en évidence par la géologie appliquée.
Comme exemple de géoressources, je peux citer les ressources minérales ou encore les ressources énergétiques pour ce qui concerne la recherche des hydrocarbures ; on peut citer aussi les ressources en eau, etc. Les géosciences sont surtout fondamentales et les géoressources, appliquées.
« Pétrologie et Minéralogie ». Telle est la mention de votre Diplôme d’Etudes Approfondies (DEA). Que pouvez-vous nous dire de ces deux sciences ? Et pourquoi la seule mention « Pétrologie » pour le Doctorat Unique ?
Mon diplôme d’études approfondies (DEA) porte, effectivement, la mention « pétrologie et minéralogie » car telle était l’offre de formation du département de géologie et de minéralogie de l’université Blaise PASCAL de Clermont-Ferrand II.
La minéralogie désigne la science des minéraux. C’est une science qui se trouve au cœur des autres disciplines de la géologie, que ce soit la géologie fondamentale ou la géologie appliquée. Pour exemple, lorsque l’on fait de la géochronologie-la datation des roches-on fait appel à des minéraux et lorsque l’on fait de la recherche minière-la gitologie ou la métallurgie-on fait également référence à des minéraux.
La minéralogie a une part importante dans l’enseignement et les spécialistes l’utilisent à tous les niveaux, aussi bien en géologie fondamentale qu’en géologie appliquée. Le DEA était ainsi intitulé et j’avais donc le choix, en Doctorat, entre la minéralogie et la pétrologie. C’est une question d’option et j’ai préféré poursuivre en pétrologie.
Mais il faut savoir qu’on ne peut pas faire de la pétrologie sans la minéralogie. La pétrologie est une science des matériaux ; c’est la science qui étudie les roches. Or, la roche est constituée de minéraux. La minéralogie est donc importante en tant que science et science d’appui à la pétrologie.
Vous êtes l’auteur de nombreuses communications et publications scientifiques. Que revêt donc, pour vous, l’importance de la recherche scientifique ?
Je crois que sans recherche scientifique, et j’ajoute même technologique, il n’y a pas de développement. Là où le bât blesse, c’est que malheureusement les résultats de la recherche ne sont pas valorisés. C’est un handicap pour les enseignants-chercheurs que le problème de la valorisation des résultats scientifiques.
J’ai, par conséquent, des communications et des publications scientifiques qui restent peu valorisées-c ’est vous qui estimez qu’elles sont nombreuses-. Je trouve que ce n’est pas grand-chose, il y a encore bien du chemin à faire(rires). Tant qu’on est en bonne santé et que l’on est passionné par la recherche, on doit être à mesure de faire des publications et des communications scientifiques. C’est aussi une histoire de partage d’expérience et de données, notamment pour les jeunes étudiants ; dans la mesure où nous utilisons aussi les résultats de ces travaux dans l’enseignement.
Quand vous faites une découverte, par exemple, vous la portez à la connaissance des étudiants et vous améliorez ainsi votre enseignement. Il y a justement un problème sérieux lorsque je parle de valorisation des résultats. En dehors même de cette valorisation, Il y a un problème de vulgarisation puisque les travaux de la recherche doivent être portés à la connaissance du grand public et des utilisateurs. Mais tant que vous n’avez pas de revues scientifiques pour publier les résultats de ces travaux, cela reste local, « maison » comme on dit (rires).
Vous avez obtenu différents certificats, notamment en télédétection, en Gemmologie minière et en Géochimie Appliquée à la prospection minière et à l’environnement. Est-ce par boulimie du savoir, par opportunité ou par nécessité ?
Je dirai que c’est d’abord par nécessité, et, par opportunité ensuite. Par opportunité parce que la gemmologie, la télédétection et la géochimie appliquée sont des formations, je ne dirai pas à la carte mais, offertes par des institutions ou des universités. Pour la télédétection ou j’ai effectué un stage, ce n’est pas seulement un certificat que j’ai eu à faire mais c’est aussi un diplôme d’études supérieures spécialisées (DESS), l’équivalent du master, en télédétection au centre Régional de Télédétection de Ouagadougou (CRTO). Il y avait des appels d’offres.
J’ai soumis mon dossier qui a été accepté et j’ai eu un financement de la fondation Jean Paul II pour faire cette formation qui est, quand même, d’un haut niveau. En ce qui concerne la gemmologie minière, j’ai obtenu une bourse de la Coopération belge et j’ai effectué cette formation au Musée Royal d’Afrique Centrale (MRAC) en Belgique. La gemmologie minière, comme nous évoquions tantôt la minéralogie, c’est de la minéralogie appliquée à l’étude des gemmes, des pierres précieuses.
La géochimie appliquée, quant à elle, est une formation qui est offerte annuellement, je crois, et qui se tient au service géologique de la République tchèque. J’ai été, là aussi, appuyé par l’UNESCO pour cette formation. C’est donc une question d’opportunités. Par nécessité aussi parce que, dans mon cursus, ce que j’ai reçu comme formation, comme acquis scientifiques n’étaient pas tout à fait suffisants.
Ce que je viens de citer-gemmologie minière, télédétection, géochimie appliquée- constitue, pour un enseignant-chercheur, des outils très importants qui viennent renforcer les connaissances scientifiques ; et je recommande justement aux étudiants et aux jeunes enseignants-chercheurs de s’approprier ces outils-là. Par exemple avec la télédétection, on peut faire des études structurales avec des applications pour la recherche minière, la recherche de l’eau, etc. Ce sont des outils dont il faut s’approprier pour renforcer les connaissances en matière de recherche scientifique. Ce sont des formations que j’ai suivies quand j’étais un peu plus jeune.
Mais malheureusement pour des questions de moyens et de vision aussi, ce genre d’outils a été difficile à appliquer. Il n’y a aucune politique en matière de gemmologie minière pour la recherche des pierres précieuses et pourtant ces pierres existent dans ce pays. Du coup, j’ai des connaissances qui sont théoriques et ça se limite à cela malheureusement (rires).
Quelle est la place des géosciences dans l’enseignement supérieur au Burkina et quelles peuvent être leur contribution dans les problématiques du développement en général et, singulièrement, du développement durable ?
Les géosciences à l’instar des autres sciences, que ce soient les sciences naturelles, les sciences biologiques ou les sciences exactes comme la chimie, la physique ou les mathématiques, sont toutes des sciences valables pour le développement. Du fait même qu’il s’agisse de sciences et particulièrement de géosciences, notre vocation est de former des cadres, des techniciens et des ingénieurs dans les domaines du développement porteur comme les mines, l’hydrogéologie pour la recherche de l’eau, le génie civil, la géotechnique et sur l’environnement. Ce sont là, des filières de formation que nous développons au niveau de l’université Joseph KI-ZERBO.
Ces filières sont indéniablement des filières de développement. Les géosciences apportent, à mon avis, en formant ces cadres dans les domaines porteurs du développement durable, une contribution dans le développement, en général, du Burkina Faso. Et comme il est dit, il faut miser aujourd’hui sur le capital humain ; il faut miser sur des cadres compétents, spécialisés et engagés. C’est la seule façon de relever le défi du développement. Les géosciences contribuent donc au développement durable et je ne discute pas à ce sujet.
J’ai eu à dire, Il y a une quinzaine d’années, alors que j’étais le parrain d’une sortie de promotion de maitrise de géologie fondamentale et appliquée, qu’il fallait élever les géosciences au rang de sciences du développement durable. On n’est donc pas déphasé et on a même été visionnaire à ce sujet car je vois qu’aujourd’hui on parle de développement durable. Aujourd’hui, il y a peu de ministères qui ne comptent pas d’étudiants formés en géosciences.
Nous avons formé à un moment donné, ici à l’université Joseph KI-ZERBO, des ingénieurs en sciences et techniques de l’eau. Ce sont eux qui managent aujourd’hui tous les projets du ministère de l’eau. C’est pareil pour les mines où la plupart des ingénieurs et techniciens miniers viennent de l’université de Ouagadougou et ont reçu une formation en géosciences. Idem pour le domaine de la géotechnique et de l’environnement. On ne peut donc pas nier notre contribution pour le développement du pays.
Le secteur minier a le vent en poupe. Des établissements foisonnent et se proposent de former dans les mines et carrières. Quelle analyse faites-vous de cet état de choses ? Le secteur pourra-t-il absorber toutes ces personnes formées ?
Je crois qu’il faut que vous fassiez l’état des lieux concernant la formation dans le domaine des mines et des carrières dans les établissements privés universitaires notamment. Vous allez vous rendre compte que c’est un peu une formation à la carte.
Certains de ces établissements avaient au départ une vocation qui n’avait rien à voir avec la mine. Je pense que ce qu’il aurait fallu que le ministère fasse, parce qu’il y a une direction chargée des établissements privés universitaires, c’était de discuter avec ces établissements ; et de donner des moyens à ces derniers de manière à renforcer leurs filières majeures.
Il est vrai que lorsque l’on fait le point, il n’y a, en réalité, que quelques établissements qui se sont lancés dans le domaine avec pour vocation première de former dans les mines et carrières. Nous constatons qu’avec le boom minier, des établissements ont dévié et ont tenté d’inclure les mines et les carrières dans les profils, cursus et curricula parce que le secteur est porteur. Mais là ne réside pas le problème. Il s’agit de pratiques qui sont connues et qui se sont produites ailleurs.
Le Portugal et l’Espagne ont connu des booms miniers et ont assisté à une prolifération des filières de formation et des établissements dans ce domaine. Cela est donc naturel. Je voudrais ajouter que la quantité de l’offre de formation dans les mines et carrières, par ces établissements privés en particulier, ne garantit pas la qualité. Il ne s’agit pas de former pour former.
Il faut former des cadres compétents dans la mesure où le secteur peut se saturer facilement ; c’est au gré des découvertes et de l’exploitation minières qui sont limitées dans l’espace et dans le temps, la durée de vie moyenne d’une mine étant de dix ans. Toute chose qui rend le secteur, en termes d’employabilité, aléatoire.
Le fait aussi qu’il y ait pléthore de formations et de formations purement théoriques rend l’insertion des jeunes formés difficile dans le tissu de l’emploi dans les mines et carrières. C’est frustrant de former des gens qui vont rester au chômage.
Il faut dire aussi que dans notre pays, il n’y a pas une politique de création d’emplois et d’employabilité dans ce secteur. C’est laissé à la gestion des industries minières et il faut se mettre en tête que ce sont des industries capitalistes ; il s’agit pour elles d’engranger des grands bénéfices et il ne faut pas s’attendre à ce qu’elles créent des emplois tant qu’il n’y a pas un fouet derrière. C’est-à-dire l’Etat. Je déplore qu’on ne soit pas très regardant sur la gestion des carrières, des recrutements et de l’employabilité dans ce secteur.
Quand vous vous rendez sur le terrain, vous pouvez vous rendre compte que ce secteur est pris en otage par des étrangers. Du coup, cela limite l’employabilité des jeunes formés dans les mines et carrières et constitue un handicap.
La plupart des mines sont d’or. N’est-il pas possible et ne conviendrait-il pas de diversifier l’exploitation minière au Burkina ?
Il y a quelques années, le Bureau des Mines et de la Géologie du Burkina a fêté son 40ième anniversaire sous le thème de « la diversification des ressources minérales ». C’était vraiment un bon sujet. J’adhère à ce concept de diversification des ressources minérales parce que jusqu’à présent nous n’avons pas un plan minéral.
Un plan minéral est un état des lieux de nos ressources, de nos potentialités minières. Avant de procéder à cette diversification, il faudrait faire, tout d’abord, l’inventaire de nos ressources et c’est sur cette base que nous connaitrons notre potentiel minier au détail près. Evidemment, si ce travail n’est pas fait, nous n’aurons peut-être pas le recul et la vision nécessaires pour voir comment valoriser ces ressources minérales. C’est vrai qu’aujourd’hui, quand on parle de mines, les gens voient l’or, les mines d’or.
Il est vrai que c’est un métal précieux et c’est pour cela qu’il y a cette ruée vers l’or. Le Burkina est une ruche minière et on n’agit que pour l’or. Mais ce n’est pas la seule substance, le seul métal que l’on peut valoriser. On le valorise parce qu’il est très recherché. Entre l’offre et la demande, il prend une place de premier choix. C’est pour cette raison qu’en Afrique de l’Ouest, beaucoup de pays s’intéressent à la valorisation de l’or.
En 1969, le Président français Georges Pompidou avait déclaré que le Burkina n’était pas un pays minier et qu’il vaudrait mieux travailler à développer l’agriculture et l’élevage. C’est justement à l’issue de sa visite, ici, qu’il a été créé l’Institut de Développement Rural (IDR) parce que toutes les investigations qui avaient été faites par le Bureau de Recherche Géologique et Minière de France (BRGM) avaient conclu à l’absence de ressources minières. Mais aujourd’hui le défi a été relevé puisque nous avons découvert, et en commençant par le BUMIGEG, des gîtes et des gisements d’or qui sont même en exploitation aujourd’hui. Il faut donc plutôt diversifier les ressources minérales, minières, et cela passe par la prospection, l’exploration minière.
Je crois que c’est un travail que l’on doit confier aux universitaires et au service géologique du Burkina. Pour ce qui concerne l’exploitation même, ma vision est la suivante : Nous devons poursuivre l’exploitation de l’or car c’est ce que nous maitrisons mieux et pour, aussi, acquérir une expérience dans cette exploitation-là. Je pense qu’il faut la petite mine pour le développement de ce pays.
L’exploitation de la petite mine est moins onéreuse que la grande mine qui nécessite des moyens et des ressources extraordinaires. La petite mine peut être gérable à notre niveau et l’Etat burkinabé peut encourager les opérateurs économiques à participer, à être des actionnaires. La petite mine de Guiro était exploitée et managée par des burkinabé.
La mine d’or de Poura, quand elle a été sabotée à un moment donné, a été managée par des nationaux. Nous sommes donc capables aujourd’hui d’exploiter par nous-mêmes nos richesses minières à travers la petite mine. C’est cela qu’il faut surtout encourager. Je ne suis pas partant s’agissant de la diversification de l’exploitation minière pour la simple raison que ces ressources minières sont fossiles. Ce n’est pas comme pour l’eau où, lorsqu’il y a une bonne pluviométrie, la nappe peut être rechargée. Ce sont des ressources fossiles et une fois que vous les exploitez, c’en est fini.
Ces ressources se sont formées, non pas depuis des millénaires, mais depuis des temps précambriens, c’est-à-dire avant même l’existence de l’homme. Pour moi, il ne faut pas vite aller en besogne pour la diversification de l’exploitation minière au Burkina Faso ; car si l’exploitation de l’or ne nous rapporte pas grand-chose, il ne faut pas s’aventurer à exploiter les autres richesses. Ceci dans la mesure où, à un moment donné, on aurait tout puisé et peut être tout bradé et se retrouver sans richesses.
Le pays ne serait plus rentable en ce moment. Sinon il faut savoir qu’en dehors de l’or, nous avons d’autres richesses. Nous avons des métaux de base tels que le cuivre, le zinc et le plomb. Nous avons des métaux ferreux, des gisements de fer, des gisements de manganèse, de nickel, etc.
Comment peut-on renforcer la gouvernance du secteur du point de vue de la législation ?
Il y a une vingtaine d’années et d’après les archives, le Burkina avait bonne « mine » avec un code minier alléchant et attrayant. D’un code minier jadis alléchant et attrayant pour les investisseurs, il nous faut aujourd’hui un code minier alléchant, attrayant et rentable pour la population, pour le pays. Il faut inverser la tendance.
Cela veut dire qu’il faut, à mon avis, améliorer et réactualiser le code minier et le code de l’environnement de manière à ce que les contrats que nous signons avec les sociétés minières s’inscrivent dans ce que l’on appelle communément un partenariat gagnant-gagnant. Par conséquent, il ne s’agit pas d’avoir un code minier ou un code de l’environnement.
Il ne s’agit pas non plus d’adopter seulement des décrets. Le problème qui se pose, c’est l’application, à la lettre, du code minier et du code l’environnement. C’est la seule façon dont nous pouvons tirer profit de ce boom minier et garantir, un tant soit peu, la préservation de notre environnement. Avant l’installation d’une industrie extractive, on fait évidemment, des études d’impact environnemental.
Mais le problème se pose au niveau de la rigueur dans le suivi-évaluation. Il faut donc savoir que nous devons rester vigilants, sinon nous risquons de nous retrouver après l’exploitation minière et, avec sous les bras, un environnement dégradé et pollué ; et tout cela est à notre charge. Nous allons réinvestir les petits fonds que nous avons eus pour réhabiliter l’environnement. C’est à perte. Il faut, à mon avis, prendre ses responsabilités et s’engager à faire respecter à la lettre, strictement et rigoureusement, le code minier et le code de l’environnement.
Il a été adopté en conseil des ministres, le mercredi 22 septembre 2021, un décret sur le contenu local. Qu’en pensez-vous ?
Ce que je déplore dans ce pays c’est qu’il y a beaucoup de langue de bois. Cela veut dire que les décisions que nous prenons à un haut niveau ne sont pas appliquées ou encore que dans l’application il y a des amalgames ou de l’affairisme. Ce qui fait qu’il est parfois difficile de mettre en œuvre un décret sur le contenu local.
Une chose est de prendre un décret et une autre est de le faire appliquer. Tant que ces décrets ne seront pas mis en application avec un suivi-évaluation rigoureux, ce serait peine perdue. Comme on dit, « il n’est jamais trop tard pour bien faire ». C’est bien de prendre un décret de ce genre mais on aurait pu le faire il y a deux décennies parce que le boom minier ne date pas d’aujourd’hui. Il aurait fallu exiger de ces sociétés minières, d’abord le recrutement, en termes d’employabilité, des locaux et des nationaux.
Si vous faites un tour dans ces sociétés minières, vous verrez qu’il y a plus d’étrangers que de burkinabé qui y travaillent. Exiger de ces sociétés minières, la valorisation de l’expertise nationale, c’est-à-dire les géoservices.
Les géoservices regroupent tous les services périphériques dans l’exploitation d’une mine. Je vois mal qu’on aille chercher dans le secteur informel, des menuisiers ou des soudeurs étrangers pour des prestations dans les sociétés minières pendant que nous avons des personnes compétentes sur place ici. Un autre problème se trouve au niveau de la restauration. Je trouve frustrant que l’on fasse venir des aliments du Brésil ou de l’Argentine pendant que l’on peut s’en procurer sur place. Ce sont nos ressources minérales, ce sont nos ressources minières et nous devons être les premiers à en profiter.
Je pense que nous pouvons rattraper ce handicap. C’est une question de volonté politique. Il faudrait aussi que la société civile soit entreprenante ; elle doit bousculer pour avoir sa part. Au Niger semble-t-il, dans le code minier, quand on veut ouvrir une mine, on doit tout d’abord recruter des ressortissants nigériens. S’il n’y a pas de compétences, le recrutement se fait en Afrique de l’Ouest. Nous constituons quand même des communautés culturelles. Aussi, le transfert du savoir et du savoir-faire de ces expatriés vers les nationaux, est une exigence. Ce n’est pas le cas ici.
Comment voulez-vous que l’on aille chercher à l’extérieur des compétences pour faire de la prospection minière pendant que nous avons des jeunes formés dans ce domaine au BUMIGEB ou à l’université. Allez-y comprendre !
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