Interview du Pr NAKOLENDOUSSE(suite et fin)
« Nous ne devons pas laisser aux générations futures, quelque chose de très grave »
Quelle a été votre contribution, jusqu’ici, pour l’enseignement supérieur au Burkina?
Il reste deux ans et demi pour mon départ à la retraite et je reste très engagé. Il y a aussi des jeunes très engagés qui pourront prendre le relai. Lorsque j’ouvrais la section sciences de l’eau, il n’y avait presque rien. Depuis mon arrivée à l’université, j’ai pris un engagement ; celui de jouer mon rôle et je laisse le soin aux autres d’en juger. J’ai contribué, de mon passage à la Direction des Affaires Académiques de l’Orientation et de l’Information (DAOI), à ce que les diplômes de l’université de Ouagadougou aient de la valeur du point de vue international.
En son temps, j’ai même reçu, dans mon bureau, des menaces de personnes qui voulaient que je certifie leurs diplômes car des employeurs le demandaient. Je ne l’ai pas fait, j’ai refusé de signer. J’ai même dit à l’une de ces personnes, et je ne vous dirais jamais le nom, qu’elle pouvait aller voir le premier responsable du pays mais je ne certifierai jamais un diplôme qui ne doit pas l’être et qu’elle risquait de dormir ce soir à la (MACO) Maison d’Arrêt et de Correction de Ouagadougou. La seule chose que l’on puisse faire est de me renvoyer de la DAOI.
Nous avons donc joué franc-jeu quand les autorités ont eu besoin de nous à ce niveau. Après la DAOI, on a ouvert l’université Ouaga II qui est devenu l’université Thomas Sankara. Personne ne voulait en être responsable. Le Pr Bayo a donc été nommé et il m’a fait appel pour l’épauler. C’est ainsi que nous avons contribué à mettre en marche l’université Thomas Sankara qui regroupait essentiellement deux filières à savoir, les sciences économiques et les sciences juridiques.
Nous arrivons au terme de notre entretien. Le journal Géo-Canal-Info a pour slogan, « Au cœur des géosciences et de l’environnement pour le développement durable » et ce fut enrichissant d’échanger avec vous sur ces questions. Qu’avez- vous à dire pour finir? Votre cri du cœur ?
Il faut tout d’abord que je vous félicite parce que c’est la seule manière de faire connaître et de faire progresser les choses. Vous faites œuvre utile et il faut continuer. Aujourd’hui, il y a beaucoup de recherches qui ont été faites mais qui, malheureusement, restent dans les tiroirs. Vous avez dit tantôt que je suis Professeur titulaire. Pour progresser, voyez-vous, il faut faire de la recherche. Malheureusement nos recherches restent dans nos casiers ou au niveau international.
Vous pouvez contribuer à vulgariser ces recherches. Nous vous exhortons à poursuivre. Nous allons parler un français accessible pour faciliter la compréhension de tous. Nous allons prendre des thématiques très claires et montrer ce en quoi la recherche peut aider à résoudre beaucoup de problématiques et, notamment, pour ce qui concerne l’environnement. C’est là notre défi.
Nous ne devons pas laisser aux générations futures, quelque chose de très grave. Pour ce qui est du secteur minier, le gouvernement a de bonnes intentions. Cependant nous faisons tout à pas de tortue. J’encourage Géo-Canal-Info à poursuivre dans sa lancée. Je reste disponible pour toutes les questions et, notamment celles en rapport avec l’hydrogéologie et l’environnement. J’encourage tous les spécialistes du domaine à en faire autant.
Propos recueillis par Abrandi Arthur Liliou