RDC-Eau et électricité : vers une hausse des tarifs pour soutenir REGIDESO et SNEL
Le gouvernement congolais s’oriente vers une révision des tarifs de l’eau et de l’électricité, longtemps encadrés par des arrêtés ministériels et maintenus à des niveaux inférieurs aux coûts réels de production. Une situation que dénoncent, depuis plusieurs années, la SNEL et la REGIDESO, et qui limite la capacité des deux entreprises publiques à assurer un service optimal et à investir dans la modernisation de leurs infrastructures.
Au Forum Makutano, le 26 novembre 2025, le ministre des Ressources hydrauliques et de l’Électricité, Aimé Molendo Sakombi, a indiqué avoir transmis au Conseil des ministres une note proposant un plan d’urgence de six mois pour la REGIDESO. Celui-ci prévoit notamment la libéralisation des prix afin d’atteindre les « vrais prix » ainsi que le règlement des dettes que l’État doit à l’entreprise.
Interpellé sur le cas de l’électricité, le ministre a reconnu que la situation est similaire. « Les notes vont pleuvoir… Nous allons prendre le taureau par les cornes », a-t-il ajouté. Dans le Compact énergétique national, sa feuille de route visant à porter le taux d’accès à l’électricité de 21,5 % à 62,5 % d’ici 2030, l’État s’est engagé à adopter et mettre en œuvre, d’ici janvier 2026, « un régime tarifaire permettant à la SNEL de couvrir les coûts encourus pour une prestation de services efficace ».
Invité le 1ᵉʳ décembre 2025 sur Top Congo FM, le directeur général de la REGIDESO a précisé que l’augmentation envisagée pour le tarif social viserait à dépasser progressivement les 0,43 dollar par mètre cube, soit une hausse d’environ 80 à 100 %. David Tshilumba a insisté sur l’idée d’un ajustement graduel, « par composantes », étalé sur plusieurs années.
« Le vice-Premier ministre, ministre de l’Économie nationale, m’a dit que l’heure est arrivée pour qu’on puisse débloquer cette situation. Et on va le faire par le Conseil des ministres », a précisé le ministre des Ressources hydrauliques et de l’Électricité.
Des ventes à perte
Selon le directeur général de la REGIDESO, le tarif appliqué aux ménages reste de l’ordre de 0,25 dollar par mètre cube, alors que le coût de revient atteint environ 1,15 dollar. David Tshilumba plaide donc pour un tarif « rémunérateur », estimant que cet écart place l’entreprise dans l’impossibilité économique d’assurer durablement ses missions sans subvention publique. D’autant que, précise-t-il, 80 % de la production de la REGIDESO est consommée par les ménages. Les clients commerciaux et industriels, qui paient plus de 2 dollars le mètre cube, ne représentent que 20 % de la demande.
À cette problématique tarifaire s’ajoute la dette que l’État doit à la REGIDESO, évaluée à 628 milliards de francs congolais selon son directeur général. Avec le règlement de ces arriérés et l’ajustement progressif des prix, l’entreprise entend diversifier ses activités afin d’élargir ses sources de revenus. Pour l’heure, la vente d’eau constitue son principal moteur : selon l’agence de notation Bloomfield Investment, elle représente 95 % de son chiffre d’affaires.
C’est dans cette optique qu’elle a annoncé, en 2024, la construction de sa propre usine de fabrication de tuyaux et d’accessoires de plomberie dans la Zone économique spéciale (ZES) de Maluku, où dix hectares lui auraient déjà été attribués, selon Radio Okapi citant le directeur général de l’Agence des ZES, Auguy Bolanda. La REGIDESO a également créé une filiale dédiée à la production d’électricité (RégiEnergies) et prévoit de lancer prochainement la commercialisation d’eau en bouteille à Kinshasa.
Du côté de la SNEL, le kilowattheure est vendu aux clients à un prix moyen pondéré de 0,17 dollar, conformément à l’arrêté du 5 novembre 2022. Le Compact énergétique national l’estime plutôt à 0,09 dollar lorsqu’on intègre certains tarifs forfaitaires. Ce niveau demeure insuffisant pour couvrir les coûts de production.
À titre de comparaison, les opérateurs de mini-réseaux appliquent des tarifs validés par les autorités — plus élevés que ceux de la SNEL — allant de 0,25 à 0,7 dollar par kWh, précise le Compact énergétique national. Sur son site, la société Virunga Energies, active dans la province du Nord-Kivu, affirme vendre le kilowattheure à 0,25 dollar aux ménages et 0,235 dollar aux PME.
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