Agriculture bio et IA olfactive : au Sommet de l’ONU, des solutions inédites pour les pays du Sud

Le Sommet mondial de l’industrie des Nations Unies, ouvert lundi 24 novembre, a mis en lumière la façon dont des partenariats solides et une intelligence artificielle utilisée de manière responsable peuvent aider les entreprises des pays du Sud à relever certains de leurs défis les plus complexes.

L’exemple de l’Inde illustre bien cette dynamique. Si la Révolution verte du XXᵉ siècle a permis d’éviter des famines massives en dopant les rendements agricoles, son héritage reste contrasté : l’usage intensif d’engrais et de pesticides a laissé derrière lui un lourd bilan environnemental et sanitaire. Face à ces limites, l’agriculture biologique gagne du terrain, mêlant innovations scientifiques et savoir-faire traditionnels pour produire des aliments nutritifs tout en préservant les sols.

« C’est une situation gagnant-gagnant », résume Amit Singh, responsable du développement durable chez Nature Bio Foods, une entreprise indienne qui accompagne des milliers d’agriculteurs vers une production durable et mieux rémunérée.

Un modèle récompensé

L’entreprise a reçu dimanche le ONE World Innovation Award pour son approche intégrée « de la ferme à l’assiette », qui vise à rendre durable chaque étape du cycle alimentaire, du semis au transport.
« Rien qu’au cours des trois dernières années, nous avons réduit nos émissions de carbone grâce à l’énergie solaire et à des techniques limitant le méthane dans la riziculture », détaille M. Singh.

Nature Bio Foods soutient près de 100 000 petits exploitants et réinvestit ses bénéfices dans des projets locaux : accès à l’eau potable, financement d’écoles, ou encore développement de nouvelles infrastructures rurales.

Une réussite fondée sur les partenariats

Cette trajectoire n’aurait pas été possible sans une coopération étroite avec les secteurs public et privé. L’entreprise travaille avec le gouvernement indien et bénéficie du soutien technologique et financier de l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI).

Présent à Riyad pour la Journée des partenariats et des investissements, dans le cadre de la Conférence générale de l’ONUDI (23–27 novembre), Amit Singh jongle entre discussions et rencontres avec de potentiels investisseurs, preuve de l’effervescence générée par l’événement.

Quand l’IA… apprend à sentir

L’intelligence artificielle s’est imposée comme l’un des thèmes majeurs de la journée. Mais pas sous la forme d’outils populaires comme ChatGPT ou Copilot, précise Jason Slater, responsable de l’IA et de l’innovation à l’ONUDI :
« Il s’agit de comprendre comment l’IA peut résoudre des problèmes concrets sur le terrain. »

Parmi les innovations présentées, une start-up développe une puce d’IA capable… de détecter les odeurs alimentaires. Elle identifie des produits, repère les sources de gaspillage et améliore l’efficacité des chaînes de production.

L’IA joue également un rôle de « catalyseur » entre les différents acteurs du développement, gouvernements, ONU, entreprises, universités, en facilitant la compréhension des enjeux et la co-construction de solutions.
« Qu’il s’agisse de l’élevage de crevettes au Vietnam ou de l’industrie 4.0 en Tunisie, l’ONU reste un partenaire de confiance dans un monde où les technologies évoluent à toute vitesse », souligne M. Slater, rappelant l’importance d’un cadre éthique solide pour que personne ne soit laissé de côté.

Une journée dédiée aux investissements et aux alliances

La Journée des partenariats et des investissements a donné lieu à une série d’annonces et de débats autour de la transition durable :

  • Mobilisation d’investissements pour les industries vertes et la transformation numérique.
  • Soutien accru aux petites et moyennes entreprises (PME) et aux économies les plus vulnérables.
  • Nouveaux partenariats publics-privés, y compris des co-entreprises dans les énergies renouvelables et des initiatives pour renforcer les chaînes d’approvisionnement.
  • Programmes destinés à stimuler l’entrepreneuriat des jeunes.
  • Table ronde réunissant institutions financières internationales, fonds souverains et investisseurs à impact, centrée sur des modèles de financement innovants.

Dans un contexte où les pays du Sud cherchent à moderniser leurs industries tout en poursuivant des objectifs climatiques ambitieux, le Sommet a montré que les solutions les plus prometteuses naissent souvent là où se rencontrent innovation technologique, coopération internationale et engagement communautaire.

Par Hamidou Traoré

Géo-Canal-Info

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