COP30 : Roger BARO porte la colère et l’espoir de l’Afrique « La justice climatique n’est pas négociable »
Depuis Belém, au cœur de l’Amazonie, le Burkina Faso a fait entendre une voix forte et décomplexée. En représentant le président Ibrahim TRAORE à la COP30, le ministre de l’Environnement Roger Baro a livré un plaidoyer vibrant pour une justice climatique réellement à la hauteur des responsabilités historiques des grandes puissances. Entre souveraineté, résilience et revendication d’équité, son discours a marqué l’une des interventions africaines les plus fermes du sommet.
Une voix burkinabè qui s’impose à Belém
Le Burkina Faso s’est illustré à la COP30 à travers une intervention incisive de son ministre de l’Environnement, de l’Eau et de l’Assainissement, Roger BARO. Portant la voix du président du Faso, le capitaine Ibrahim Traoré, le ministre a défendu une vision africaine « digne, souveraine et résolue » face aux bouleversements climatiques. L’intervention, relayée ce 17 novembre 2025 par son ministère, a été structurée autour d’une anaphore soulignant la résilience du peuple burkinabè.
« Je suis ici pour porter la voix d’un pays sahélien souverain dans ses choix et solidaire dans ses engagements. La voix d’un peuple digne et résilient qui, face à l’adversité, choisit toujours d’agir », a-t-il déclaré, rappelant que chaque parcelle de terre et chaque goutte d’eau constituent un héritage à préserver.
Une ambition climatique déjà engagée
Roger BARO a mis en avant les efforts entrepris par le Burkina Faso dans le cadre de l’Accord de Paris. Sa CDN 3.0 vise une réduction de 30,87 % des émissions d’ici 2030, pour un coût estimé à 7,5 milliards de dollars. Il a appelé à une mobilisation renforcée des financements climatiques pour soutenir cette trajectoire, notamment sur la part conditionnelle des engagements.
Des initiatives nationales concrètes
Le ministre a également rappelé plusieurs actions majeures :
- l’opération de reboisement « l’Heure Patriotique », avec plus de cinq millions d’arbres plantés en une heure en 2025 ;
- la création de 89 bosquets de plantes médicinales ;
- le développement des énergies renouvelables ;
- les mécanismes REDD+ ;
- les systèmes d’alerte précoce.
Ces initiatives, a-t-il souligné, illustrent la volonté du Burkina Faso d’agir malgré des ressources limitées.
« L’Afrique n’a pas à mendier son adaptation »
Face aux impacts croissants du dérèglement climatique, Roger BARO a dénoncé l’injustice persistante qui pèse sur les pays africains, premiers touchés mais derniers financés. « L’Afrique n’a pas à mendier son adaptation », a-t-il affirmé. Pour lui, la justice climatique passe par des financements « plus importants, accessibles et majoritairement sous forme de subventions ». Les pays historiquement responsables des émissions doivent « tripler leur effort financier », non par charité, mais par devoir moral.
Un appel à un véritable « courage climatique »
Martelant que la limite de +1,5°C représente un impératif éthique, le ministre a conclu en invitant les nations à dépasser les déclarations de façade pour entrer dans l’action courageuse et effective. Aux côtés de l’AES, du Groupe Afrique et du G77+Chine, le Burkina Faso a réaffirmé sa volonté de bâtir un nouvel ordre climatique fondé sur la souveraineté, l’équité et la justice.
Hamidou TRAORE
Géo-Canal-Info