Minerais de transition : la RDC appelée à élaborer une stratégie nationale

Riche en minerais essentiels à la transition énergétique (cuivre, cobalt, lithium…), la République démocratique du Congo (RDC) ne dispose toujours pas d’une stratégie nationale claire pour encadrer et orienter ce processus. C’est ce que révèle un rapport publié le 20 mars par le Natural Resource Governance Institute, intitulé « La République démocratique du Congo face aux enjeux de la transition énergétique : transformer la richesse minière en levier de développement durable ».
Le document souligne l’urgence pour le pays de se doter d’une telle stratégie, afin d’assurer une transition énergétique durable et bénéfique pour les populations congolaises, alors que des pays comme le Chili et le Ghana ont déjà pris une longueur d’avance.
Selon le rapport, la RDC risque de passer à côté des opportunités majeures offertes par ses ressources naturelles dans la lutte mondiale contre le changement climatique, faute d’un cadre adapté. Estimée à 24 000 milliards de dollars selon la Banque mondiale, la valeur des réserves de minerais critiques représente jusqu’à neuf fois le PIB de l’Afrique en 2024. Grâce à ces vastes ressources, le pays pourrait devenir l’une des économies les plus riches du monde.
Cependant, les experts indiquent que le manque de coordination entre les ministères, les conflits d’intérêts, la politisation de l’action publique et l’exclusion des parties prenantes (société civile, secteur privé, communautés locales) entravent la construction d’un cadre harmonisé entre les secteurs minier et énergétique.
D’après le même rapport, plusieurs documents existent – tels que le Plan national d’adaptation, la stratégie de développement durable ou encore des politiques énergétiques soutenues par des partenaires comme le PNUD. Le document souligne toutefois que ces textes restent fragmentés, mal coordonnés et parfois contradictoires. Cette dispersion rend difficile la mobilisation des ressources nécessaires et l’adhésion des acteurs concernés, freinant ainsi toute dynamique de changement.
Industrie de transformation
Par ailleurs, les experts précisent que les actions du gouvernement congolais restent centrées sur la valorisation des ressources, sans s’inscrire dans une vision plus large et intégrée qui tienne compte des défis énergétiques du pays. Pour eux, des initiatives comme le Code minier révisé de 2018, la création de l’Entreprise générale du cobalt ou encore la mise en place du Conseil congolais de la batterie demeurent des avancées, mais ne contribuent pas encore à l’élaboration d’une politique stratégique de long terme.
Au-delà de l’urgence d’une stratégie nationale pour la transition énergétique, la RDC se heurte à un autre défi majeur : développer une véritable industrie de transformation de ses ressources minières. D’après un rapport du réseau mondial d’organisations de la société civile Publish What You Pay (PWYP), le pays pourrait pleinement tirer parti des opportunités offertes par ce secteur, alors que la demande mondiale en minerais stratégiques est appelée à croître de manière exponentielle dans le cadre de la transition vers des économies bas carbone.
En mars dernier, la RDC a donné le coup d’envoi des travaux d’aménagement de la Zone économique spéciale (ZES) de Musompo, située dans la province du Lualaba, réputée pour ses importantes réserves de cobalt. Destinée à accueillir des unités de production de précurseurs de batteries, de batteries lithium-ion et, à terme, d’assemblage de véhicules électriques, la ZES de Musompo s’inscrit dans la dynamique de transition énergétique mondiale et d’industrialisation du pays. Selon le ministère de l’Industrie et du Développement des PME, la concrétisation de ce projet nécessitera près de 2 milliards de dollars d’investissements.
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